Manque de sommeil et cancer : que disent les études ?

Quel rapport entre le manque de sommeil et le cancer ? Malheureusement, il y en a bien un. De nombreuses recherches ont étudié des groupes de population souffrant d’une privation chronique de sommeil. Il peut s’agir de personnes occupant un travail posté de nuit, des professions médicales au personnel aérien. Les individus sujets aux insomnies récurrentes sont aussi concernés. Le manque de sommeil induit des mécanismes biologiques complexes. Il augmente le risque d’un diagnostic de cancer ou de maladie chronique. Une bonne hygiène du sommeil est donc primordiale pour prévenir ce risque. C’est d’ailleurs devenu une réelle question de santé publique. Et quand la maladie est là, avec sa fatigue inhérente, la qualité du sommeil reste essentielle pour l’immunité de l’organisme. 

Manque de sommeil et cancer: une menace pour la santé

Manque de sommeil et cancer

Le manque de sommeil: une préoccupation de santé publique

Le sommeil joue un rôle primordial dans la santé globale et le bien-être. Il permet au corps et au cerveau de se reposer, de se régénérer et de se réparer. Une bonne nuit de sommeil est cruciale pour maintenir un système immunitaire fort et un équilibre hormonal optimal. Selon Santé Publique France, plus de 4 millions de personnes travaillent de nuit ou en horaires décalés. Et c’est sans compter ceux qui dorment peu en raison de leur rythme personnel de vie : sorties, jeux vidéo ou télévision avec excès, etc. 

La dernière enquête de 2023 de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) et de la MGEN, révèle que la quantité de sommeil des Français continue de se réduire. Aujourd’hui, la population française dort en moyenne moins de 7 heures par nuit. Or, en deçà de 7 heures et au-delà de 9 heures par nuit, on court plus de risques de développer des pathologies chroniques ou cancéreuses.

D’après une étude de l’Inserm, de l’Université Paris Cité et de l’University College London, une courte durée de sommeil dès l’âge de 50 ans est associée à un risque accru de multimorbidité. Il s’agit de maladies chroniques concomitantes présentes chez un même patient. Ces données poussent à inscrire le manque de sommeil dans une préoccupation de santé publique. En perturbant le fonctionnement de l’organisme, une durée de sommeil insuffisante peut avoir des conséquences graves sur la santé.

Privation de sommeil et cancer: une relation de cause à effet prouvée

En 1995, une étude sur l’incidence du cancer chez les agents de bord des compagnies aériennes finlandaises révélait un risque accru de cancers du sein. Ces hôtesses de l’air qui œuvraient sur des vols long-courriers, vivaient avec des décalages horaires permanents. Depuis, des études similaires à travers le monde ont confirmé ces résultats auprès d’autres hôtesses de l’air ou des infirmières de nuit. 

Les recherches ont également porté sur les hommes, au Japon pendant 20 ans, au Canada, et plus récemment en Allemagne et aux États-Unis. Elles ont toutes pointé un risque majoré de cancer du côlon et de la prostate chez les hommes travaillant en horaires décalés. 

En 2020, 27 scientifiques internationaux réunis au Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) à Lyon ont confirmé l’évaluation de 2007 qui déclarait que le travail posté était « probablement cancérogène pour l’Homme ». Ils ont pris en compte les nombreuses nouvelles études sur le sujet. Ces dernières ont apporté des preuves certes limitées de cancer chez l’homme et la femme pour le sein, le côlon, la prostate, le rectum. Les résultats sont par contre suffisamment probants chez les animaux de laboratoire. 

Des études l’ont donc démontré : les personnes souffrant d’insomnie ou de privation chronique de sommeil présentent un risque accru de développer différents types de cancer. Les cancers du sein, de la prostate, du rectum et cancer colorectal sont notamment dans le viseur. Les maladies chroniques telles que le diabète, l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, etc. trouvent également un terrain de jeu favorable sur les organismes en carence de sommeil. Ces résultats sont liés à plusieurs mécanismes biologiques complexes.

Les mécanismes à l’œuvre entre troubles du sommeil et cancer

Pour étayer leurs recherches sur les relations entre le manque de sommeil et les risques de cancer et maladies, les scientifiques se sont intéressés aux personnes occupant un travail posté. Le travail de nuit posté est défini comme un travail effectué pendant les heures de sommeil habituelles de la population générale, y compris les voyages aériens transméridiens.

Dans divers secteurs (soins, fabrication, transports, vente au détail et services), le travail de nuit est le plus souvent essentiel. Il permet de maintenir la continuité des activités 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Mais il provoque un décalage ou une perturbation des rythmes circadiens physiologiques normaux. Les personnes concernées dorment généralement moins pour profiter des temps sociaux majoritaires. La perturbation du sommeil qui en découle affecte ainsi la production d’hormones importantes liées à la régulation du système immunitaire et du métabolisme.

Plusieurs études ont également montré l’association entre la privation de sommeil et une augmentation des niveaux d’inflammation dans le corps. Cela peut favoriser la croissance et la propagation des cellules cancéreuses. De plus, le manque de sommeil peut entraîner une fatigue accrue. Dans de telles circonstances, il est d’autant plus difficile pour le système immunitaire de lutter efficacement contre les cellules cancéreuses et autres maladies.

 Focus sur la fatigue chronique en cas de cancer

fatigue chronique en cas de cancer

La fatigue chronique est un symptôme fréquent en cas de cancer. Phénomène complexe, il peut grandement affecter la qualité de vie des patients. Cette fatigue est bien plus intense et difficile à gérer que la fatigue ordinaire. 

Ses causes

En cas de cancer, deux tiers des patients disent ressentir un épuisement chronique. Les origines de cette fatigue persistante sont multiples :

  • la maladie elle-même, en fonction de son type, de son stade et de l’organe affecté ;
  • les traitements (chimiothérapie, radiothérapie…) et leurs effets secondaires (nausées, anémie, perte d’appétit…) ;
  • la lutte contre la douleur ;
  • les contraintes liées au suivi médical (hospitalisations, déplacements, rendez-vous médicaux…) ;
  • les angoisses d’avenir, de mort, liées à une maladie dont on sait la mortalité. 

Cette anxiété peut notamment générer des insomnies et autres troubles du sommeil, qui peuvent aggraver l’asthénie du patient. 

Ses spécificités

En cas de cancer, l’asthénie manifestée par le patient se distingue d’une fatigue normale par :

  • sa chronicité ;
  • son intensité ;
  • sa persistance. 

Contrairement à la fatigue classique, elle ne disparaît pas après une bonne nuit de sommeil. Elle se caractérise par :

  • un manque d’énergie ;
  • une fatigue consécutive à la moindre activité physique même simple (monter des marches…)
  • des difficultés de concentration ;
  • une mémoire défaillante ;
  • une tendance à être irrité, nerveux, voire dépressif ;
  • des sensations de vertige et potentielle perte d’équilibre…

Qui plus est, comme nous l’avons vu, elle peut être liée à des troubles du sommeil dus au stress généré par la maladie. Les patients peuvent du coup pâtir d’insomnies malgré l’épuisement. La qualité de leur sommeil est amoindrie… Manque de sommeil et trouble neurologique (mémoire et concentration défaillantes) s’invitent dans la vie du patient. Et malheureusement, le cancer et un sommeil médiocre ne font pas bon ménage. La réponse immunitaire du corps est affaiblie par des nuits agitées. Les patients sont moins en capacité de lutter contre les cellules cancéreuses. 

Accompagnement

La fatigue, dont souffrent fréquemment les patients atteints d’un cancer, peut donc :

  • affecter leur disposition à accomplir des tâches quotidiennes simples ;
  • entraîner une diminution de l’interaction sociale ;
  • altérer leur qualité de vie.

La prise en charge de cette fatigue chronique est donc essentielle. Quels sont les symptômes, leur intensité et fréquence ? L’identification précise des causes de la fatigue est primordiale pour adapter le traitement et l’accompagnement. Le soutien de l’équipe soignante est spécifique à chaque patient. Il est fonction des besoins. Des stratégies médicales et non médicales peuvent être mises en place pour :

  • soulager la fatigue ;
  • optimiser le bien-être des patients ;
  • améliorer la qualité du sommeil.

Un kinésithérapeute, un ergothérapeute, un diététicien, un psychomotricien, un psychologue, une socio-esthéticienne, etc. peuvent ainsi intervenir. Certains professionnels pourront indiquer les aménagements à mettre en place dans le logement. D’autres transmettront des techniques pour réaliser des gestes du quotidien rendus difficiles suite à une opération par exemple. 

Le psychologue pourra accompagner les patients à faire face aux émotions associées à la fatigue chronique. Il les encouragera à exprimer leurs sentiments, leurs inquiétudes et leurs besoins. La socio-esthéticienne soutiendra l’image de soi souvent dégradée suite aux effets secondaires des traitements (chute des cheveux, des cils, etc.). L’important est de parler de sa fatigue afin de se faire aider de façon adéquate lorsque l’on combat un cancer. 

FAQ – Manque de sommeil et cancer

Comment gérer la fatigue en cas de cancer ?

La fatigue en lien avec un cancer peut être très éprouvante pour les patients. Il existe des solutions pour la gérer au quotidien et améliorer la qualité de vie. Voici quelques conseils à adopter :

‣ Poursuivre, adapter ou stopper l’activité professionnelle : si l’état du patient le permet, il peut décider, pour son équilibre personnel et son besoin de relations sociales, de poursuivre son travail. Des adaptations sont possibles tant au niveau du rythme que de l’aménagement du poste. 
‣ Prendre soin de son sommeil : aménagement d’un environnement propice (température, obscurité, calme, lit doté d’un bon matelas…) ; mise en place d’une routine apaisante et d’une heure de coucher et de lever régulière.
‣ Établir des priorités et écouter son corps : retenir les tâches essentielles ; ne pas hésiter à déléguer ; reconnaître les signaux de fatigue ; s’accorder des pauses régulières et du repos dès que nécessaire.
‣ Adopter un mode de vie sain avec une alimentation équilibrée, une consommation limitée de stimulants et une activité physique modérée.
‣ Gérer le stress avec des techniques de relaxation, de méditation ou de respiration pour apaiser corps et esprit.
‣ Communiquer avec l’équipe médicale pour obtenir des conseils personnalisés.
‣ Se faire aider par son entourage, l’équipe soignante, des groupes de soutien…

Un sommeil non réparateur peut-il être une des raisons du cancer du sein ?

Selon une étude exploratoire publiée dans la revue Cytokine en novembre 2022, il existe un lien entre la qualité du sommeil et le risque de cancer du sein. L’étude a été réalisée par une équipe de chercheuses de l’Université Laval au Québec. 
Les premières observations laissent penser qu’un sommeil de mauvaise qualité peut contribuer à une inflammation mammaire. Un sommeil perturbé, au-delà des modifications du rythme nocturne dues à un travail de nuit, pourrait donc favoriser le développement du cancer du sein. 
Les chercheuses ont analysé les tissus mammaires de 165 femmes. Elles ont relevé la présence de 11 marqueurs inflammatoires associés au cancer du sein. En parallèle, elles ont étudié trois caractéristiques du sommeil des participantes : 

la durée moyenne de sommeil par nuit ;
la fréquence des insomnies au cours du dernier mois ;
la prise d’un traitement pour améliorer le sommeil au cours de la dernière année.

Les résultats ont montré que :

Les niveaux de certains marqueurs inflammatoires étaient plus élevés chez les femmes qui dormaient moins de 7 heures ou plus de 9 heures par nuit.
Pour les femmes ménopausées, plus les insomnies étaient nombreuses, plus le marqueur spécifique du niveau d’inflammation dans le corps (CRP) était élevé.
Chez ces mêmes participantes ménopausées, la prise de médicaments pour faciliter le sommeil était liée à des niveaux plus élevés d’un marqueur (TGF-β) impliqué dans l’immunité.

Les scientifiques vont tâcher de confirmer ces résultats avec des études plus étendues. 
Les problèmes de sommeil touchent environ 30% de la population. Cette prévalence est plus élevée chez les femmes : 46% d’entre elles rapportent avoir des problèmes de sommeil chaque nuit.
Pour les chercheuses, le sommeil est donc une composante tout aussi importante que l’alimentation ou l’activité physique dans la prévention des cancers. 

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