Somnifère: ce qu’il faut savoir sur les effets secondaires

Malgré leur efficacité avérée, les somnifères et leurs effets secondaires font régulièrement débat. Pourtant, recourir aux somnifères pour lutter contre les troubles du sommeil se révèle, dans certains cas, indispensable. Les tranquillisants et les sédatifs doivent alors être prescrits en dernier recours. Ils deviennent nécessaires lorsque les traitements naturels et la mise en place de nouvelles habitudes de sommeil n’ont pas fonctionné pour soigner l’insomnie. Or, en France, environ 10 millions de personnes consomment des somnifères. Qu’est-ce qu’un somnifère au juste ? Quels sont ses effets indésirables et ses contre-indications ? Explications.

Somnifère : de quoi s’agit-il exactement?

Somnifère: définition

Un somnifère (ou hypnotique) est un médicament qui entraîne le sommeil. Les somnifères sont des psychotropes tout comme les neuroleptiques et les antidépresseurs. Ils sont destinés à soigner l’insomnie aiguë et les troubles du sommeil. Ils induisent l’endormissement et permettent d’éviter les réveils nocturnes et les éveils précoces

Somnifère 

Les psychotropes les plus couramment utilisés dans le traitement de l’insomnie sont apparentés aux benzodiazépines. Ils ont un effet anxiolytique et freinent l’action des neurotransmetteurs responsables de l’état d’éveil en agissant sur le système nerveux central. 

Les antihistaminiques de première génération (antihistaminiques H1) ont également un effet sédatif. Ils bloquent la production des hormones impliquées dans l’état d’éveil (adrénaline, dopamine, etc.).

Dépendance, baisse de vigilance, perte de mémoire… Les somnifères sont connus pour leurs nombreux effets indésirables. Par conséquent, leur utilisation doit être envisagée uniquement quand les autres solutions destinées à lutter contre les troubles du sommeil n’ont pas porté leurs fruits

L’un des principaux effets secondaires des hypnotiques est l’accoutumance. C’est pourquoi la durée de traitement recommandée est généralement courte, de quelques jours à quelques semaines tout au plus.  

Les barbituriques, utilisés dans le passé pour traiter l’insomnie, ne sont d’ailleurs désormais plus prescrit à cause de leurs effets secondaires importants et du risque élevé de dépendance.

Les psychotropes font l’objet d’une prescription médicale. Si certains somnifères, notamment à base d’antihistaminique, sont prescrits sans ordonnance, ils doivent toutefois être pris avec précaution. Il est vivement recommandé de demander l’avis de son médecin ou de son pharmacien avant de prendre ce type de traitement. 

En cas d’insomnie aiguë ou chronique, un suivi psychologique et médical est nécessaire en parallèle du traitement médicamenteux. Ce suivi permettra d’identifier la cause du trouble du sommeil et de traiter le problème à la racine. 

Les hypnotiques : liste des médicaments

Les hypnotiques les plus fréquemment prescrits en France sont le Stilnox® (Zolpidem), et le Zopiclone Biogaran® (Imovane). Tous deux visent à traiter l’insomnie passagère

Les hypnotiques

Leur action est proche de celle des benzodiazépines, plutôt réservées au traitement de l’anxiété. Ils agissent cependant plus rapidement et leur action est plus courte. Ils sont donc habituellement mieux tolérés. 

Un somnifère peut être prescrit sous la forme d’un comprimé et parfois sous forme de gouttes. Voici la liste des benzodiazépines qui ont une action hypnotique : 

  • le Noctamide® qui n’est aujourd’hui plus commercialisé. On le trouve sous forme de générique (Lormétazépam Arrow) ; 
  • le Havlane® (loprazolam) ;
  • le Mogadon® (nitrazépam) ; 
  • le Nuctalon® (nitrazépam).

Certains antihistaminiques H1 possèdent aussi des propriétés sédatives. Il s’agit notamment du :

  • Donormyl® (doxylamine) ;
  • Théralène® (alimémazine) ; 
  • Phénergan® (prométhazine). 

Les médicaments à base de mélatonine (le Slenyto® et le Circadin®) peuvent également aider à lutter contre les troubles du sommeil. Certains compléments alimentaires à bases de mélatonine sont par ailleurs disponibles en vente libre sur le marché. Notez qu’il ne s’agit pas de médicaments et que leur qualité est très variable. 

Somnifère et effets secondaires : les contre-indications

De manière générale, les hypnotiques sont à utiliser avec une grande précaution dans de nombreux cas : 

Risques de chutes et d’accumuler les effets sédatifs (chez les personnes âgées par exemple) ;

  • Association à un autre traitement sédatif ;
  • Consommation d’alcool ; 
  • Hypotension orthostatique ;

De plus, chaque type de somnifère présente des contre-indications spécifiques.

Les contre-indications des hypnotiques

Les hypnotiques peuvent, dans certains cas, être contre-indiqués : 

  • Allergies à la molécule active ou à l’un des excipients présents dans le médicament ;
  • Insuffisance hépatique sévère : les hypnotiques et benzodiazépines ne sont pas indiqués ;
  • Insuffisance rénale sévère ;
  • Fatigue musculaire ; 
  • Apnée du sommeil ; 
  • Troubles cardiovasculaires ; 
  • Grossesse : sauf avis médical, les somnifères sont fortement déconseillés chez la femme enceinte ou allaitante ; 
  • Prise d’autres traitements : les interactions des hypnotiques avec d’autres médicaments peuvent avoir des conséquences graves (en fonction du traitement, aggravation des symptômes, problèmes respiratoires, etc.). Il est notamment fortement déconseillé de prendre deux types d’hypnotiques en même temps.

Les contre-indications des antihistaminiques

Les antihistaminiques hypnotiques sont, quant à eux, contre-indiqués en cas de : 

  • Constipation ;
  • Troubles urinaires ;
  • Troubles de la prostate ;
  • Glaucomes à angle fermé ; 
  • Apnée du sommeil 
  • Insuffisance rénale ;
  • Insuffisance hépatique ; 
  • Troubles cardiaques ; 
  • Grossesse et allaitement ;
  • Antécédents : le Phénergan® et le Théralène® sont contre-indiqués si la personne a des antécédents d’agranulocytose à d’autres médicaments de la classe des phénothiazines ;
  • Exposition au soleil : les antihistaminiques hypnotiques sont photosensibilisants ; 
  • Association à d’autres médicaments : neuroleptiques, atropiniques, antiépileptiques, médicaments dépresseurs du système nerveux central (benzodiazépines, antidépresseurs, hypnotiques, barbituriques, opiacés) ;
  • Maladie de Parkinson pour le Théralène®.

Ils sont par ailleurs à utiliser avec prudence chez les personnes âgées ainsi que les personnes épileptiques, très risqué pour leur santé.

Les contre-indications de la mélatonine

Enfin, la mélatonine n’est pas recommandée chez les enfants et les adolescents (sauf avis du médecin) et chez les femmes enceintes et allaitantes. 

Elle est de plus déconseillée dans les cas suivants : 

  • Épilepsie ;
  • Asthme 
  • Maladie auto-immune ; 
  • Maladie inflammatoire ;
  • Troubles de l’humeur ; 
  • Association à d’autres médicaments

Somnifère et effets indésirables : 5 risques majeurs pour la santé

Vous l’aurez compris, la prise de somnifères n’est pas sans risques. C’est pourquoi leur utilisation est parfois controversée. C’est notamment le cas des benzodiazépines et des médicaments apparentés qui agissent directement sur les muscles et le cerveau. Voyons quels sont les principaux risques associés à la consommation d’hypnotiques. 

1- Les somnifères et la mortalité

Une étude parue dans la revue médicale British Medical Journal (BMJ) a mis au jour les conséquences de la prise de somnifères sur la santé. Les personnes qui suivent un traitement hypnotique auraient un risque 4,6 fois plus élevé de mourir prématurément que la normale

Les effets secondaires des somnifères seraient responsables de ce phénomène. La baisse de vigilance et la somnolence que ces médicaments induisent pendant la journée augmentent le risque d’accident de la route. Les scientifiques évoquent par ailleurs le fait que les hypnotiques sont susceptibles d’aggraver des symptômes dépressifs et d’engendrer des idées suicidaires. En outre, prendre des somnifères entraîne un risque accru de développer un cancer

2- Les somnifères et le développement d’un cancer

Cette même étude montre que les risques d’être atteint d’un cancer sont jusqu’à 35 % plus élevés chez les personnes consommant certains types de somnifères. Les benzodiazépines sont notamment impliquées.

Pour en arriver à ce résultat, les chercheurs ont suivi un panel de 10 000 personnes d’un âge médian de 54 ans et consommant des somnifères. Ce groupe a été comparé deux années durant à un autre échantillon de plus de 23 000 individus qui ne prenaient pas de médicament pour dormir. 

Ces conclusions ont été confirmées par d’autres études. La prise d’hypnotique favoriserait principalement le risque de cancer des voies respiratoires (poumon, bouche, nez, etc.). Les chercheurs ont émis l’hypothèse que le danger proviendrait surtout de l’association du tabac et des somnifères. Le risque de contracter un lymphome, un cancer de la prostate ou du côlon serait aussi plus important

3- Les somnifères et la perte de mémoire

Toujours selon la même étude publiée dans le BMJ, la prise de somnifère augmenterait le risque de développer la maladie d’Alzheimer et accélérerait l’apparition des symptômes

Les chercheurs ont montré que la prise de benzodiazépines sur une durée de 3 mois accroîtrait de 51 % le risque de contracter Alzheimer après 65 ans. Plus la durée du traitement est importante, plus le risque est élevé. 

Le lien de cause à effet n’a toutefois pas été établi. Néanmoins, la suspicion est réelle. C’est pourquoi la prescription de somnifères chez les personnes âgées ou présentant des troubles de la mémoire doit faire l’objet d’une grande prudence

De plus, le sommeil permet normalement de renforcer les souvenirs et les apprentissages. Les bons dormeurs ont d’ailleurs habituellement une meilleure mémoire que les petits dormeurs. Or, les médicaments hypnotiques et les benzodiazépines modifient la plasticité cérébrale. Il est donc possible que ce type de médicaments perturbe les capacités d’apprentissage et de mémorisation

4- Les somnifères et les accidents de la route

Le risque d’être victime d’un accident de la route est de 40 % plus élevé chez les patients qui prennent un traitement à base de benzodiazépines. C’est ce qu’a démontré une étude du British Journal of Clinical Pharmacology. Ils entraînent en effet une baisse de vigilance et une somnolence en voiture. Ce chiffre a de quoi alarmer quand on sait que la somnolence au volant constitue la première cause d’accidents de la route. 

De plus, la prise de somnifère multiplie le risque d’accident du travail. Somnolence, problèmes de concentration, baisse de vigilance, perte d’équilibre… Leurs effets indésirables sont multiples et présentent un réel danger, en particulier dans les métiers impliquant la conduite de véhicules et l’utilisation de machines. 

5- Les somnifères et la dépendance

Le risque de dépendance aux somnifères est bien réel. Il est important d’en être informé avant même de commencer un traitement. En se fixant sur les cellules nerveuses, les hypnotiques peuvent causer un phénomène d’accoutumance. Il est donc parfois difficile d’arrêter. 

De plus, un arrêt brutal est susceptible de provoquer un « effet rebond » à l’arrêt du traitement. Autrement dit, l’insomnie peut revenir. Or, de nombreux patients cessent subitement la prise de somnifère. Ils entrent alors dans un cercle vicieux. 

L’arrêt du traitement, surtout s’il a été de longue durée, doit se faire progressivement. Il doit idéalement s’accompagner d’un suivi médical et de la mise en place de nouvelles habitudes de sommeil

FAQ – Somnifère et effets secondaires

Quels sont les symptômes de la dépendance aux médicaments ?


Afin de limiter tout risque d’accoutumance, il est important de respecter la durée du traitement et la dose prescrite par votre médecin. La dépendance peut se manifester par différents symptômes sur votre santé, tels que : 
      ● des troubles de la digestion ; 
      ● des maux de tête ;
      ● une sensation d’ivresse ; 
      ● une diminution de la libido ; 
      ● des cauchemars ;
      ● de la fatigue ;
      ● un sentiment de confusion ;
      ● une faiblesse musculaire ;
      ● des réactions cutanées ; 
      ● de l’agressivité ;
      ● de l’agitation ;
      ● des troubles de la mémorisation ;
      ● une somnolence ;
      ● des vertiges ; 
      ● etc. 

Les hypnotiques sont-ils disponibles sans ordonnance ?


Les hypnotiques sont toujours prescrits sur ordonnance. Par contre, le Donormyl®, un antihistaminique hypnotique, est lui, disponible en pharmacie sans ordonnance. Cela ne signifie pas qu’il soit sans effets secondaires. C’est la raison pour laquelle il est vivement recommandé de demander l’avis de votre pharmacien ou de votre médecin, surtout si vous prenez un autre traitement.

Quelles sont les bonnes pratiques non médicamenteuses ?


Avant de recourir aux somnifères, il est essentiel de tenter de traiter les insomnies par des solutions non médicamenteuses. Cela commence par l’adoption d’une bonne hygiène de sommeil. Voici quelques conseils destinés à favoriser un sommeil réparateur 
    ● pratiquer la méditation et la relaxation le soir ; 
    ● adopter des horaires fixes pour le lever et le coucher ;
    ● bannir les écrans au minimum une heure avant d’aller au lit ;
    ● réaliser une activité calme : lecture, musique douce, écriture, dessin, etc. ;
    ● privilégier une ambiance calme et tamiser le soir ;
    ● proscrire les boissons excitantes comme le thé et le café en soirée, mais aussi l’alcool et le tabac ;
    ● ne pas faire de sieste de plus de 30 minutes durant la journée (surtout après 16 heures) ; 
    ● garder une température maximale de 18 degrés dans la chambre à coucher ; 
    ● pratiquer une activité sportive régulière dans la journée ;
    ● boire une tisane à base de plantes favorisant le sommeil comme la camomille, la lavande ou le tilleul ; 
    ● privilégier les repas légers au dîner ;
    ● éviter de boire beaucoup d’eau le soir. 

Comment bien arrêter sa prise d’hypnotiques ?


Il est très important d’arrêter progressivement un traitement somnifère. Vous devez diminuer les doses graduellement afin d’éviter un effet rebond. La motivation est essentielle durant la période de sevrage. Cela doit se faire en accord avec le médecin et avec son accompagnement. Mais c’est le patient qui prend la décision d’arrêter. 
Il est en outre préférable d’arrêter dans un moment propice. En effet, l’arrêt d’un traitement hypnotique en période de stress ou de dépression se révèlera beaucoup plus difficile

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