Selon les chercheurs, sommeil et apprentissage doivent se conjuguer pour favoriser le développement cognitif d’un enfant. Si de nos jours, la technologie retarde notre heure de coucher, notre besoin en sommeil de qualité n’a pas évolué. D’autant plus que dormir, même le temps d’une petite sieste, est nécessaire pour la santé physique, mentale et émotionnelle.
Dans cet article, nous tentons de vous expliquer l’importance du sommeil sur le développement de l’enfant dans tous les domaines. Découvrons ensemble l’évolution du sommeil chez les petits, ainsi que le rôle de la sieste dans la maturation cérébrale. Nous allons également décortiquer les interactions entre sommeil et apprentissage.
Apprentissage : la question de l’évolution du sommeil chez l’enfant
Le sommeil joue un rôle important dans le développement d’un enfant, au même titre qu’une bonne alimentation et la pratique d’activité physique. Cependant, beaucoup de parents n’ont pas encore conscience du lien entre manque de mémoire et sommeil. Voici comment se passe le sommeil chez un enfant et son influence sur la maturation cérébrale.
L’évolution du sommeil chez l’enfant
Chez les nourrissons, le sommeil prend presque 2/3 de leur temps. Ce laps de temps se répartit le jour et la nuit avec une période d’éveil de 3 à 4 heures. C’est ce qu’on appelle sommeil ultradien. Avant trois ans, il alterne « sommeil calme » et « sommeil agité », qui se transforment petit à petit en « sommeil lent et profond ».
Ce stade de sommeil se caractérise par le ralentissement des ondes cérébrales et de l’activité physiologique. Il possède aussi des moments de sommeil paradoxal qui s’accompagnent de regard rapide, d’une activité cérébrale intense et d’une flaccidité musculaire.
Le temps de sommeil d’un enfant et d’un adolescent
À l’âge de 3 ans jusqu’à 6 ans, les enfants dorment de 10 à 13 heures comprenant une petite sieste dans l’après-midi. Le cycle de sommeil se rapproche petit à petit d’un adulte. En effet, le sommeil lent et le sommeil paradoxal s’alternent tous les 90 à 120 minutes. Des périodes d’éveils inconscients espaçant chaque fin de cycle.
Pour les enfants de 6 à 12 ans, le temps de sommeil devient totalement nocturne et dure 9 à 11 heures. Pour un adolescent, 8 à 10 heures de sommeil sont nécessaires pour le développement cognitif. Pendant cette période de la vie, l’homme connaît un sommeil tempête pour passer dans la vie adulte.
Le rôle du sommeil dans la maturation cérébrale
Le sommeil joue un rôle crucial dans la maturation cérébrale tout au long de la vie. Cela débute dès la période fœtale et se prolonge jusqu’au début de l’âge adulte, vers 25 ans. Cette maturation suit une trajectoire antéro-postérieure, commençant dans les régions sensorielles postérieures du cerveau et se terminant dans les régions frontales.
Les ondes lentes caractéristiques du sommeil lent profond se déplacent des régions postérieures vers l’avant au fil de la croissance. La densité du sommeil lent profond, particulièrement des ondes lentes, augmente jusqu’à l’âge de 10 ans avant de diminuer jusqu’à l’âge adulte.
Les troubles du sommeil chez les enfants et les adolescents peuvent avoir des conséquences à long terme sur la maturation cérébrale. Cela peut contribuer à des troubles cognitifs, émotionnels et comportementaux. Après la maturation cérébrale, le sommeil continue de jouer un rôle essentiel dans la plasticité cérébrale. Ce qui va renforcer les connexions entre les neurones activés pendant l’apprentissage.
De plus, un sommeil de qualité favorise l’élimination des toxines cérébrales, un processus observé, notamment chez les rongeurs, pendant le sommeil lent profond. Même si tout cela n’a pas encore été observé chez l’homme, le sommeil peut jouer un rôle protecteur contre l’Alzheimer.
Sommeil et apprentissage : le rôle essentiel de la sieste
Plusieurs chercheurs s’intéressent au lien entre la sieste et les traitements de divers problèmes de santé chez les adultes. Toutefois, les études sur le sommeil et apprentissage concernant les enfants sont actuellement peu nombreuses. Selon certains scientifiques, la régularité des siestes semble jouer un rôle crucial sur l’apprentissage et la régulation émotionnelle.
Une synthèse de 26 articles a été faite sur les effets de la durée et de la qualité des siestes chez les jeunes enfants. Les résultats obtenus sont parfois incohérents, en partie attribuables à l’âge et à la régularité des siestes. Les enfants les plus jeunes qui font régulièrement la sieste semblent bénéficier davantage au niveau des apprentissages et de la régulation émotionnelle.
Une autre étude sur des enfants de 3 ans a examiné l’impact de la sieste sur l’apprentissage de nouveaux mots. Les résultats ont montré des effets forts et persistants de la sieste sur la mémorisation des mots, même après 7 jours. Cela montre que la sieste a permis de réduire significativement l’oubli d’informations après un certain délai.
En Chine, où la sieste est une pratique courante, une étude a été menée auprès de 3 819 enfants en école élémentaire. Le résultat a montré des effets bénéfiques de la sieste sur le fonctionnement cognitif, le bien-être psychologique et les problèmes émotionnels et comportementaux. En outre, la sieste a été prouvée comme régulateur de somnolence chez certains enfants ou adolescents. Cela a été prouvé sur ceux dont les facteurs environnementaux limitent la qualité ou la quantité de sommeil nocturne.
Ainsi, la sieste est considérée comme une intervention de santé pour compenser les conséquences négatives du manque de sommeil. Elle procure des avantages significatifs pour le bien-être et le développement cognitif, en particulier chez les jeunes.
Quelles sont les interactions entre sommeil et apprentissage ?
La plupart d’entre nous considère le sommeil comme une perte de temps. Certains se font même des idées qu’une bonne literie peut combler un manque de sommeil. Chez les enfants, le sommeil est très important pour avoir de bon résultat scolaire et une interaction sociale épanouie. En outre, une mauvaise qualité de sommeil peut avoir des conséquences négatives sur la vie scolaire d’un enfant. Elle est source de manque d’attention, d’hyperactivité, d’agressivité et d’absentéisme. Découvrons quelles sont les interactions entre sommeil et apprentissage et le lien entre le manque de sommeil et mémoire.
Fonctionnement cognitif
Des études menées en France et au Québec explorent les conséquences du manque de sommeil sur le développement cognitif des enfants. L’étude canadienne a été réalisée sur 2 120 enfants, suivis depuis la naissance. Le résultat révèle qu’un sommeil insuffisant à 2 ans est lié à des capacités cognitives faibles à l’âge de 6 ans.
Divers méta-analyses confirment aussi que des nuits suffisamment longues sont associées à de meilleures performances académiques. Une durée de sommeil prolongée est particulièrement liée à des résultats améliorés. Un enfant ayant 10 heures de sommeil est donc plus concentré à l’école et peut se faire des amis facilement. Plusieurs études soulignent une hétérogénéité dans les méthodes de mesure du sommeil et des variables cognitives. Toutefois, les méthodes utilisées ne permettent pas encore de conclure des liens de cause à effet pertinents.
Des études expérimentales ont également examiné l’impact d’une courte restriction ou extension de sommeil chez des enfants de 9 à 12 ans. Les résultats indiquent que même une brève restriction de sommeil a des effets négatifs sur les performances cognitives. Par ailleurs, une augmentation du temps de sommeil améliore les capacités cognitives et émotionnelles de l’enfant.
Les petits qui sont atteints de troubles neuropsychologiques montrent une prévalence plus élevée de troubles du sommeil. Les conséquences sont potentiellement graves (troubles neurodéveloppementaux). Haut du formulaire
Consolidation des acquisitions
Le manque de sommeil chez les enfants ne se limite pas à une réduction immédiate des capacités cognitives. En effet, il a également des répercussions sur la consolidation de la mémoire, un processus vital pour l’apprentissage. La consolidation de la mémoire, explorée en 1885 par Ebbinghaus et sa courbe de l’oubli a révélé une théorie. Il affirme que sommeil et apprentissage jouent un rôle clé dans la préservation des connaissances.
Des périodes de sommeil intercalées entre l’apprentissage et le rappel sont liées à une rétention d’informations plus importante. L’oubli massif au cours des premières heures post-apprentissage s’atténue significativement lorsqu’une période de sommeil suit l’acquisition des connaissances. Cela montre qu’un manque de sommeil perturbe la mémoire.
La consolidation de la mémoire pendant le sommeil repose sur la réactivation spontanée des régions cérébrales impliquées lors de l’apprentissage. Chez les rongeurs, cette « réactivation neuronale » a été observée, conduisant à une mémoire plus stable et moins sujette à l’oubli. Ces résultats ont également été confirmés chez l’homme grâce à l’imagerie cérébrale.
Des études enregistrant l’activité cérébrale d’enfants de 8 à 12 ans ont également pu voir le jour. Les enfants ont pris une sieste de 90 minutes. Le résultat montrait des changements d’activation à la surface du cerveau après le sommeil, notamment dans le cortex préfrontal. Plus la quantité de sommeil lent post-entraînement était importante, plus ces changements étaient marqués.
Impact sur les comportements et le lien social
Le manque de sommeil chez les enfants se traduit par divers symptômes. Ils vont au-delà d’une somnolence, de l’irritabilité ou d’une intolérance à forte intensité. Des études démontrent en effet des associations entre la durée du sommeil et divers aspects du comportement chez les enfants d’âge scolaire.
Les conséquences sont alors plus graves, puisqu’il s’agit de problèmes comportementaux dirigés contre soi et les autres. Les troubles anxieux et dépressifs chez les enfants montrent des liens bidirectionnels avec le sommeil, créant un cycle négatif potentiel. Le manque de sommeil chez les enfants se manifeste souvent par de l’excitation et de l’hyperactivité plutôt que par la somnolence. Des recherches au Canada et en France soulignent que des durées de sommeil insuffisantes provoquent des scores élevés d’hyperactivité-impulsivité.
Les enfants atteints de troubles respiratoires du sommeil présentent fréquemment des comportements hyperactifs liés à des perturbations nocturnes. C’est notamment le cas des petits qui souffrent de problèmes d’apnée. En outre, le manque de sommeil chez les enfants affecte profondément leurs compétences psychosociales. Il compromet les fonctions cognitives, en particulier les fonctions exécutives. Cela altère le contrôle cognitif et les capacités d’auto-régulation.
D’autres études démontrent que le déficit de sommeil chez les adolescents est associé à des choix moins favorables à la santé. Elles ont constaté une modification des prises de décision influencée par des altérations cérébrales spécifiques. Les compétences psychosociales émotionnelles des enfants sont également touchées. Ils rencontrent en effet des difficultés accrues à traiter les informations émotionnelles et à réguler les émotions. Des conséquences à long terme, telles que des symptômes anxieux et dépressifs, sont observées à la préadolescence.