Sommeil court : le secret d’un gène

Depuis le début des années 2000, les recherches portant sur le gène du sommeil court suggèrent qu’une mutation génétique peut moduler le besoin de sommeil. Les résultats de telles études ont fait régulièrement la une des actualités scientifiques, après la découverte d’un premier gène en cause en 2009, puis d’un autre en 2019. Des chercheurs ont ainsi identifié un gène spécifique lié à la capacité de dormir moins, parfois seulement 4 à 6 heures par nuit. Ces découvertes remettent en question l’idée que la durée du sommeil est uniquement déterminée par des facteurs externes. Elles montrent que sommeil et génétique sont aussi liés dans certains cas. 

Que disent les études sur le gène du sommeil court?

gène du sommeil court

Le sommeil est un sujet d’études depuis des décennies. On s’est en effet très vite rendu compte de son impact sur la santé globale des humains. Les chercheurs se sont donc penchés au fil des ans sur ce qui pouvait l’affecter. Grâce aux avancées scientifiques en matière d’étude du génome, ils se sont notamment intéressés à l’éventuel lien entre génétique et durée du sommeil.

Les mystères du gène ADRB1 et son impact sur la durée du sommeil

En 2019, une équipe de chercheurs de l’université de Californie à San Francisco publie dans la revue Neuron les résultats de leur étude sur le sommeil court. La généticienne Ying-Hui Fu, qui a rejoint le laboratoire du neurologue Louis Ptáček dès 1996, vient de mettre à jour le gène ADRB1, responsable du syndrome du sommeil court. En 2009, cette chercheuse avait déjà mis en évidence un autre gène, le DEC2. La mutation de ce gène était responsable d’un trouble du sommeil identique : des nuits écourtées, sans conséquences sur l’état de forme en journée. 

En 2014, à Pittsburg, une nouvelle variante de ce gène DEC2 est trouvée au cours de l’étude de patients qui affichent des symptômes similaires. Chaque dormeur observé dort moins de 6 heures et résiste à ce qui s’apparente à un manque de sommeil. L’étude de 2019 met donc en évidence l’implication d’un autre gène, le ADRB1, dans la régulation du sommeil. Les scientifiques ont identifié une variante rare de ce gène. Elle est associée à la capacité de certains individus à se sentir reposés, même s’ils dorment moins de 6 heures par nuit. Soit 2 heures de moins que la moyenne. 

À lire aussi : Heure de sommeil par âge.

Des neurones en action: suractivité pendant la veille et le sommeil paradoxal

Au cœur de cette énigme de sommeil héréditaire, des neurones se révèlent être des acteurs clés. Cette mutation génétique sur ADRB1 entraîne en effet une plus grande facilité d’activation des neurones favorisant l’éveil. Les chercheurs ont mené des tests sur des souris. Même si celles-ci n’ont pas réellement un rythme de sommeil comparable à celui des humaines. Ils ont constaté une augmentation de l’activité des cellules exprimant le gène ADRB1 au niveau du cerveau, durant la veille et le sommeil paradoxal

Les implications de cette suractivité neuronale touchent divers aspects du sommeil, allant des troubles du sommeil aux risques pour la santé. Ces résultats intéressent également les rares familles touchées par une anomalie portant sur le gène PRNP. En effet, leur diagnostic vital est engagé en raison de l’insomnie fatale familiale provoquée par cette mutation. Comprendre comment ces neurones interagissent avec d’autres éléments génétiques et environnementaux leur offre des perspectives cruciales en termes de traitement. 

À quoi reconnaît-on les petits dormeurs?

sommeil court

Dans son dossier sur le sommeil, l’Inserm qualifie les dysfonctionnements liés au sommeil de « fléau des sociétés modernes ». On sait que la qualité du sommeil joue un rôle essentiel dans le maintien d’une bonne santé. Pour autant, la durée de notre sommeil a diminué d’environ 1h30 au cours des cinquante dernières années. Un tiers de la population est touché par des troubles du sommeil.

Et pourtant, toutes ces personnes ne souffrent pas d’une mutation génétique responsable d’un sommeil écourté. Dans le monde, on estime à 2,5% de la population les membres des familles concernées par une mutation génétique héréditaire écourtant le sommeil. La mutation du gène ADRB1 ne concerne, à elle seule, que 4 personnes sur 100 000. 

Les petits dormeurs se divisent donc en deux catégories distinctes : les petits dormeurs naturels et ceux qui accumulent une dette de sommeil en raison de comportements préjudiciables au repos. Ces deux groupes se distinguent par leurs habitudes de sommeil et les conséquences qui en découlent.

Les petits dormeurs naturels

Les études scientifiques ont donc mis en évidence la propension génétique de certaines familles à être des petits dormeurs naturels. Ces derniers ne sont aucunement gênés par leur durée de sommeil inférieure à 6 heures. Ils se réveillent en forme et alertes. Ces personnes ne ressentent aucun effet négatif associé à une privation de sommeil. Elles sont même pleines d’énergie et d’un naturel optimiste, deux caractéristiques qui vont à l’encontre de ce qui est généralement constaté chez les personnes ayant peu dormi. Leur biologie unique leur permet de maintenir des performances cognitives et physiques optimales avec un temps de sommeil plus court. Cela s’explique, par exemple, par la mutation du gène DEC2, qui accroît la production d’orexine, neurotransmetteur qui facilite l’éveil.

Les petits dormeurs induits

Certains individus ont des habitudes de vie telles qu’ils sont des petits dormeurs par la force de choses. La qualité et la durée de leur sommeil sont altérées par :

  • des heures de coucher tardives ;
  • une consommation excessive d’écrans avant le coucher ;
  • la prise de boissons excitantes comme la caféine ou l’alcool ;
  • le bruit omniprésent dans les environnements urbains ;
  • une charge de travail accrue ;
  • le stress, etc.

Selon une enquête de Santé publique France, les Français affichent une moyenne de sommeil de 6 heures et 42 minutes par nuit. Ces petits dormeurs induits peuvent expérimenter les effets néfastes de la privation de sommeil, tels que la fatigue persistante, une concentration diminuée et des problèmes de santé à long terme. 

À noter que certaines personnes peuvent souffrir d’une maladie, comme l’apnée du sommeil qui, de fait, impacte la durée de leur sommeil.

FAQ – Gène du sommeil court

Quels sont les risques de peu dormir ?

La privation chronique de sommeil peut avoir des conséquences profondes sur la santé physique et mentale. En négligeant les heures nécessaires de repos, une personne s’expose à une myriade de risques qui affectent divers aspects de sa vie quotidienne.

Risques physiques
La santé physique est directement impactée par un sommeil insuffisant.
La privation chronique de sommeil est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires, notamment l’hypertension artérielle et les maladies coronariennes. De plus, elle peut compromettre le système immunitaire, rendant le corps plus vulnérable aux infections. Des études ont également établi un lien entre la privation de sommeil et le risque accru de diabète de type 2, ce qui souligne l’importance d’un sommeil adéquat pour maintenir l’équilibre métabolique.

Risques cognitifs et émotionnels
La privation de sommeil peut entraîner des déficits cognitifs significatifs
. La concentration, la mémoire et la capacité de prise de décision peuvent être altérées, compromettant les performances académiques et professionnelles. De plus, un sommeil insuffisant est souvent associé à une augmentation du stress, de l’anxiété et de la dépression. Les fluctuations hormonales causées par la privation de sommeil peuvent influencer négativement la régulation émotionnelle. Elles exacerbent les problèmes de santé mentale existants. Un cercle vicieux se met en place, stress, anxiété et dépression causant à leur tour des insomnies…

Risques sociaux et professionnels
La qualité des relations sociales et la performance au travail peuvent aussi être touchées par la dette de sommeil
. La fatigue persistante peut entraîner une diminution de la productivité, des retards cognitifs et une diminution de la motivation. En outre, les petits dormeurs induits peuvent éprouver des difficultés à maintenir des relations interpersonnelles saines. Ils souffrent effectivement d’une irritabilité accrue et de changements d’humeur liés à la privation de sommeil.

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