Polygraphie ventilatoire : définition, limites et lecture du rapport

Qu’est-ce que la polygraphie ventilatoire ? Cet examen ambulatoire non douloureux et non invasif est destiné à détecter un syndrome d’apnée du sommeil. Souvent difficile à diagnostiquer, cette pathologie se manifeste par des arrêts respiratoires pendant le sommeil. Le polygraphe sert à repérer les symptômes de la maladie tout en permettant au patient de rester à domicile et de conserver ses habitudes de sommeil. En quoi consiste au juste une polygraphie ventilatoire ? Quels sont les traitements possibles pour les personnes souffrant d’apnée du sommeil ? Quelles sont les limites de ce test ? Nous vous disons tout. 

La polygraphie ventilatoire: de quoi s’agit-il ?

polygraphie ventilatoire

#1. La polygraphie ventilatoire: définition

La polygraphie ventilatoire ou respiratoire est un examen médical destiné à analyser le sommeil des personnes qui présentent des symptômes d’apnée du sommeil. Il est ambulatoire, c’est-à-dire qu’il peut être pratiqué au domicile du patient et ne nécessite pas d’hospitalisation.

Le sommeil est analysé à l’aide d’un appareil portatif appelé « polygraphe ambulatoire ». Il est doté d’une canule (tube) nasale et de différents capteurs destinés à déterminer la fréquence et la durée des arrêts respiratoires durant le sommeil. Il permet de capter et d’enregistrer :

●       le débit respiratoire ;

●       les mouvements de l’abdomen et du thorax ;

●       la fréquence cardiaque ;

●       la position de sommeil du dormeur ;

●       la saturation en oxygène.

Ces données sont enregistrées sur ordinateur afin d’être analysées par un médecin. Selon les résultats du test, il peut décider de proposer ou non des examens et diagnostics supplémentaires. 

#2. Déroulement de l’examen

L’examen est prescrit par un spécialiste lorsqu’une personne présente des signes d’apnée du sommeil (ronflements, baisse de la vigilance, fatigue chronique, etc.). La polygraphie ventilatoire nocturne se déroule au domicile du patient, dans ses conditions de sommeil habituelles. Par ailleurs, cette technique n’est pas douloureuse. 

Pour que les résultats se révèlent les plus fiables possibles, il est important de manger normalement ce jour-là. L’alcool et les excès sont à proscrire. Le patient doit, par ailleurs, prendre ses traitements habituels, même s’il s’agit de somnifères. 

La personne installe elle-même l’appareillage complet au moment du coucher. Une infirmière lui a auparavant indiqué comment procéder. Il lui est cependant conseillé d’être accompagné par quelqu’un qui sera en mesure de l’aider à installer l’appareil si nécessaire. 

Des capteurs sont placés sur le nez, le thorax, l’abdomen et les doigts du patient. Le dispositif se compose : 

●       d’une sangle sternale pour détecter les mouvements de respiration ;

●       d’un saturomètre sur le doigt afin de mesurer le taux d’oxygène ; 

●       de canules nasales servant à enregistrer la ventilation ; 

●       de capteurs pour compter et mesurer l’intensité des ronflements.

L’appareil enregistre automatiquement les données pendant le sommeil du sujet. Le polygraphe ventilatoire est prêté au patient pour une nuit. L’appareil doit être retourné le lendemain pour permettre au médecin d’analyser les résultats obtenus. Ce dernier décidera alors d’effectuer ou non d’autres tests et pourra vous conseiller sur les traitements et les aménagements thérapeutiques à envisager.

#3. Les solutions après les analyses médicales

L’endoscopie sous sommeil induit (hospitalisation ambulatoire)

L’endoscopie sous sommeil induit (ou endoscopie du sommeil) est un examen médical ambulatoire prescrit en cas de bronchopathies nocturnes. Il s’agit de ronflements associés ou non à l’apnée du sommeil. Cette endoscopie vient compléter la consultation ORL habituelle. Elle est généralement proposée lorsqu’un précédent traitement n’a pas fonctionné ou qu’une intervention chirurgicale est à envisager. 

L’examen a lieu à l’hôpital, dans une unité de service des pathologies du sommeil, ou en centre de sommeil. Le patient est placé sous anesthésie générale à l’aide d’un hypnotique. Quand le patient est endormi et émet des ronflements, l’ORL réalise une fibroscopie au niveau de la base de la langue, du voile du palais, des amygdales et le d’épiglotte. Il peut ainsi observer le rétrécissement à l’origine des ronflements et, éventuellement, d’apnée du sommeil. 

L’endoscopie du sommeil a pour but d’anticiper l’efficacité d’un futur traitement chirurgical. Elle permet de plus d’évaluer l’efficacité de dispositifs non chirurgicaux comme l’orthèse d’avancée mandibulaire

La PPC nocturne

Le dispositif respiratoire à Pression Positive Continue (PPC) est fréquemment utilisé dans le traitement de l’apnée du sommeil. Il a pour but d’empêcher la fermeture des voies aériennes supérieures responsable des arrêts respiratoires. 

Un appareil est placé près du patient – le plus souvent sur sa table de chevet – et propulse de l’air par le biais d’un masque posé sur son visage. La pression de l’air permet de maintenir les voies aériennes ouvertes afin que la respiration redevienne normale. Pour être efficace, cet appareillage doit être utilisé quotidiennement pendant toute la durée du sommeil. 

En cas de COVID-19, il est essentiel d’en informer le médecin-prescripteur qui décidera de maintenir ou non la PPC le temps de la maladie. Il informera également le patient des précautions à prendre en cas de maintien du dispositif.

La prothèse d’avancée mandibulaire

La prothèse d’avancée mandibulaire se présente sous la forme d’un petit appareil qui ressemble à une gouttière dentaire ou à un protège-dents. Il sert à garder la mâchoire inférieure légèrement avancée. Cette position de la mâchoire empêche l’obstruction des voies aériennes et permet à l’air de circuler normalement dans le pharynx. 

Les limites de la polygraphie ventilatoire

limites de polygraphie ventilatoire

Non douloureuse et simple à mettre en place, la polygraphie ventilatoire nocturne a néanmoins ses limites. Il arrive en effet que les résultats de l’examen soient faussés, en particulier lorsque le sommeil est fractionné. Dans ce cas, l’index d’apnée risque d’être sous-estimé. 

Quand la polygraphie a donné des résultats négatifs alors qu’une apnée du sommeil était fortement suspectée, les professionnels de la santé prescrivent habituellement une polysomnographie

Contrairement à la polygraphie respiratoire, la polysomnographie requiert une hospitalisation. Cet examen se révèle plus lourd et contraignant, mais ses données sont plus précises. Il se déroule généralement la nuit. Des électrodes sont positionnées sur la poitrine, le visage, le cuir chevelu, les jambes et les bras du patient. 

Un médecin observe dans une autre salle les données enregistrées par les différents appareils (électroencéphalogramme, électrocardiogramme, etc.). L’enregistrement permet de détecter la présence d’une apnée du sommeil et de troubles tels qu’une dépression ou des impatiences (syndromes des jambes sans repos). 

La polysomnographie mesure : 

●       l’activité cérébrale du patient ; 

●       son activité cardiaque ;

●       la pression œsophagienne ;

●       ses mouvements et positions de sommeil ;

●       son taux d’oxygène ; 

●       les mouvements des yeux ; 

●       les stades du sommeil ;

●       le nombre et la durée des réveils et micro réveils ;

●       l’activité des muscles des jambes et du menton.

Comment lire un rapport d’examen de polygraphie ventilatoire?

lire rapport examen polygraphie ventilatoire

Après une nuit de sommeil, le patient retire les capteurs du polygraphe et retourne l’appareil à un professionnel de la santé. Ce dernier analyse les résultats de l’examen. Les données recueillies lui permettront d’analyser un certain nombre d’éléments. Il pourra alors définir la prise en charge médicale la mieux adaptée. 

1. L’index d’Apnée-Hypopnées ou IAH

La canule (tube) nasale permet de comptabiliser le nombre d’hypopnées, c’est-à-dire le nombre de fois où la respiration s’est arrêtée ou a diminué. Ce chiffre sert ensuite à calculer l’IAH, le nombre d’hypopnées ou d’apnées par heure de sommeil. On l’obtient en divisant le nombre total d’arrêts ou de diminutions respiratoires par le nombre total d’heures de sommeil

Un IAH situé entre 0 et 5 est normal. S’il se trouve entre 15 et 30, l’apnée est modérée, mais bien présente. Dans ce cas, un traitement est prescrit aux patients présentant des symptômes. Une apnée sévère est diagnostiquée lorsque plus de 30 événements respiratoires par heure se produisent. Elle nécessite un traitement, quels que soient les autres symptômes du patient.

2. La position de sommeil

Le polysomnographe est doté d’un capteur de position. Ce dernier permet de déterminer si le sujet dort sur le ventre, le dos ou le côté ou s’il adopte une posture relevée ou assise. Le médecin peut alors vérifier si une position est plus propice que les autres aux épisodes d’apnée

L’apnée du sommeil apparaît la plupart du temps en position dorsale. Les spécialistes conseillent idéalement de dormir sur le côté. Cela aide à diminuer le nombre et la fréquence des arrêts respiratoires

3. La saturation en oxygène dans le sang

Lors d’une polygraphie ventilatoire, un capteur placé sur un doigt du patient afin de mesurer son taux d’oxygène dans le sang. Ce dernier a en effet tendance à baisser lorsqu’une hypopnée ou qu’une apnée respiratoire survient. Cette diminution du taux d’oxygène dans le sang est aussi appelée « hypoxémie ». Elle peut avoir de graves conséquences pour le cœur et le cerveau telles que des séquelles neurologiques ou un infarctus du myocarde. 

Idéalement, votre taux d’oxygène dans le sang doit être de 95 à 100 %. Un taux situé en dessous de 90 % indique une désaturation. Il s’agit d’une diminution brutale d’au moins 3 % du taux d’oxygène dans le sang. Les résultats du test indiquent par ailleurs le nombre de désaturations qui se sont produites durant votre sommeil. Un nombre trop élevé par heure peut engendrer, sur la durée, des répercussions sur votre santé. Cette donnée est prise en compte par le spécialiste dans le choix du traitement.

FAQ – Polygraphie ventilatoire

Dans quel cas passer un examen de polygraphie ventilatoire ?


La polygraphie respiratoire doit avoir été prescrite par un médecin généraliste, un pneumologue, un neurologue, un spécialiste du ronflement ou encore un orthodontiste. L’examen et le diagnostic sont proposés lorsque le patient présente des symptômes d’apnée du sommeil, d’hypopnée ou de ronflements. Quand la personne est atteinte d’une apnée du sommeil, le polygraphe indique la durée et le nombre d’arrêts respiratoires. Il permet par ailleurs de savoir si l’apnée est obstructive.

Quels sont les effets indésirables de l’apnée du sommeil ?


L’apnée du sommeil a des incidences néfastes non seulement sur la qualité de vie, mais aussi sur la santé des personnes qui en souffrent : 

●       fatigue chronique ;
●       hypertension ;
●       diabète de type 2 ;
●       problèmes de concentration ;
●       troubles de la mémoire ;
●       dépression ; 
●       obésité ;
●       perte de libido ;
●       etc. 

Lorsqu’elle n’est pas soignée, l’apnée du sommeil obstructive peut réduire de 12 ans l’espérance de vie. De plus, des études récentes indiquent qu’elle favoriserait le développement de la maladie d’Alzheimer. Enfin, des statistiques ont montré que les personnes souffrant d’apnée du sommeil avaient 15 fois plus de risques d’être victimes d’un accident de la route

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