L’EMDR est initialement une thérapie des mouvements oculaires, développée pour aider les personnes souffrant de troubles psychologiques liés au stress post-traumatique. EMDR et sommeil peuvent donc être associés dans le cadre de traitement ciblé. En effet, les manifestations de ce type de stress peuvent impacter la qualité du sommeil. Et cette thérapie a démontré son efficacité pour travailler le lien entre trauma et sommeil.
Cet article éclaire la relation entre l’EMDR et le sommeil. Il dresse l’état des recherches sur les mécanismes d’action à l’œuvre dans cette méthode pour améliorer un sommeil affecté par un stress post-traumatique.
Sommeil et EMDR : Quelle est cette thérapie ?
L’EMDR pour Eye Movement Desensitization and Reprocessing est à l’origine une thérapie des mouvements oculaires. Elle vient en aide aux personnes qui souffrent de traumatismes psychologiques liés au stress post-traumatique. Cette « désensibilisation et ce retraitement par les mouvements oculaires » (traduction française de l’EMDR) interviennent également sur les troubles associés à ces souvenirs traumatiques, à savoir l’anxiété, la dépression, les phobies et les troubles du sommeil.
EMDR : les stimuli sensoriels au secours de la mémoire traumatique
Cette thérapie a été développée par Francine Shapiro en 1987. Les séances pratiques impliquent :
- De suivre des yeux les doigts du thérapeute (version initiale de l’EMDR) ;
- Ou de suivre des stimuli bilatéraux, sonores ou tactiles, pendant quelques secondes ou minutes, ;
- Tout en laissant venir spontanément toutes les pensées associées à une expérience émotionnelle difficile.
Cette méthode va aider le patient à :
- Réexaminer les informations liées au trauma de manière plus adaptée ;
- Se réassurer et retrouver confiance en lui ;
- Mobiliser à nouveau sa force psychique et ses capacités à se calmer intérieurement, poser des limites, faire preuve de patience, bienveillance, tolérance, lâcher prise, optimisme, etc.
L’EMDR ne doit pas être confondue avec l’IMO (Intégration par les mouvements oculaires) ou EMI en anglais (Eye Movement Integration), fondée sur les principes de la programmation neurolinguistique (PNL).
La thérapie EMDR validée scientifiquement
Utilisée sur des vétérans de la guerre du Vietnam, l’EMDR fut l’objet de nombreuses recherches avant que ne soit validée son efficacité. Elle a été officiellement validée comme alternative pour le traitement de l’état de stress post-traumatique par l’Organisation Mondiale de la Santé en 2012. La Haute Autorité pour la Santé la préconise depuis 2007.
L’EMDR au secours d’un sommeil perturbé
Certaines études ont montré que l’EMDR peut améliorer la qualité des nuits des personnes souffrant de troubles du sommeil associés à un traumatisme psychologique. En réduisant les symptômes traumatiques qui peuvent interférer avec le sommeil, celui-ci s’améliore. Les insomnies, cauchemars et autres troubles du sommeil paradoxal se font moins nombreux. La qualité de vie s’améliore.
EMDR : Une méthode à l’étude pour retrouver le sommeil
1) Trauma et sommeil : un lien encore flou, mais admis
Les mécanismes exacts de la relation entre les troubles du sommeil et les traumatismes psychologiques ne sont pas entièrement connus et compris. Cependant, il est largement admis que les symptômes traumatiques, tels que les flashbacks et les pensées intrusives, peuvent déclencher un stress qui perturbe le sommeil. Les systèmes biologiques qui régulent le sommeil dans notre corps peuvent aussi être altérés.
2) EMDR et sommeil : une relation toujours à l’étude
Les mécanismes d’action de l’EMDR sont encore à l’étude. Les scientifiques cherchent à comprendre comment fonctionne cette thérapie et l’origine des bénéfices qu’elle apporte aux patients atteints de pathologies en lien avec un stress post-traumatique.
Une première piste a émergé grâce à des travaux de recherche chez l’animal et à l’analyse d’imagerie cérébrale. Dans un premier temps, les scientifiques ont cherché à comprendre les fondements neurobiologiques de la mémoire traumatique. Puis, ils ont constaté que les stimulations réalisées pendant une séance d’EMDR activaient des zones neuronales. Or ces réseaux de neurones sont les mêmes que ceux mobilisés dans le traitement émotionnel de l’information. La méthode d’EMDR aiderait à modifier ces réseaux neuronaux afin que le patient retraite le souvenir traumatisant et soit convaincu qu’il est en sécurité.
Une deuxième piste de compréhension émet l’hypothèse que l’EMDR permet de reproduire les saccades oculaires observées pendant la période REM (Rapid Eyes Movement) du sommeil. Cette phase paradoxale du sommeil est connue pour son rôle dans la consolidation de la mémoire. Une personne soumise à un stress post-traumatique voit généralement sa nuit perturbée. En ayant recours à l’EMDR, le patient pourrait vivre avec des mécanismes normaux et non dysfonctionnels, l’équivalent d’une phase de sommeil paradoxal. La mémoire se consoliderait alors de façon plus adaptée, en réduisant sa portée traumatique.
3) Des questions sur l’EMDR au cœur des recherches
D’autres questions sur le fonctionnement de l’EMDR sont encore en suspens comme : Ses effets à long terme, ses bénéfices chez les enfants, les raisons pour lesquelles les patients ne réagissent pas de la même manière à cette méthode.
Les professionnels de santé cherchent également à améliorer l’approche EMDR. Ils ont constaté que certaines personnes arrêtaient la thérapie en cours de traitement. Le fait de devoir revivre des souvenirs douloureux leur provoquait une souffrance psychique trop grande. C’est notamment pour cette raison que des stimuli bilatéraux, sonores ou tactiles ont été introduits en plus des saccades oculaires. L’objectif de cette thérapie baptisée MOSAIC est de focaliser le patient sur les solutions plutôt que sur les problèmes.
Enfin, la question de la formation à l’EMDR reste un point délicat. La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) avait rappelé en 2010 l’importance de recouvrir à un praticien correctement formé à l’EMDR. En France, seuls les psychiatres, psychologues et psychothérapeutes avec un titre reconnu par une Agence Régionale de Santé peuvent suivre une formation à l’institut français de l’EMDR à Paris, par exemple.
Quelles sont les alternatives thérapeutiques pour éviter le stress et mieux dormir ?
Si vous souffrez d’insomnie ou de troubles du sommeil liés au stress, il est recommandé de consulter un professionnel de santé pour une thérapie adaptée. Au-delà de l’EMDR, d’autres thérapies peuvent être préconisées :
- La thérapie comportementale et cognitive (TCC): Permet de mettre en place des habitudes saines de sommeil, de réapprendre à dormir, de lever de fausses croyances en la matière. Elle est souvent prescrite pour les patients insomniaques, souffrant de douleurs chroniques ou souhaitant stopper les somnifères.
- La luminothérapie: Concerne plutôt les personnes s’exposant peu à la lumière du jour, ayant des cycles de sommeil décalés en raison de leur métier ou de leur mode de vie. Elle aide à synchroniser l’horloge interne pour rétablir les cycles de sommeil. Elle consiste à s’exposer à une lumière blanche ayant l’intensité des rayons du soleil. Des lampes de luminothérapie permettent d’utiliser cette technique chez soi. (Découvrez notre article détaillé sur la luminothérapie et sommeil)
- L’hypnose: Met le patient dans un état de conscience modifié afin de découvrir les raisons inconscientes qui entravent son sommeil. Le thérapeute peut ensuite intervenir sur ces causes pour rendre l’endormissement plus facile.
- La sophrologie: Mobilise la relaxation musculaire, la respiration profonde et la visualisation mentale positive pour lutter contre l’anxiété qui entrave le sommeil. (Découvrez notre article détaillé sur comment la sophrologie peut améliorer votre sommeil)
- La mélatonine: Est une hormone du sommeil. Prise en complément alimentaire, elle sert à resynchroniser l’horloge interne. Elle constitue un traitement de base du sommeil naturel, surtout lorsqu’elle est à libération prolongée et prise au bon moment.
FAQ – EMDR et sommeil
Certaines conditions doivent être respectées afin que les séances d’EMDR soient prises en charge par la sécurité sociale :
1• Il est nécessaire de suivre le parcours de soin en passant par son médecin traitant, à moins d’avoir entre 16 et 25 ans.
2• Le professionnel de santé doit être un psychiatre, conventionné en secteur 1 ou 2 (la sécurité sociale rembourse à hauteur de 70% du tarif de convention) ;
3• Ou un psychologue exerçant dans un centre agréé (hôpital, Centre Médico-Psychologique…).
L’Assurance Maladie rembourse les prestations des psychiatres non conventionnés exerçant en cabinet libéral, sur la base d’un montant forfaitaire.
Certaines mutuelles complètent une prise en charge des soins psychiatriques en plus du remboursement de la sécurité sociale, si la séance est effectuée dans le cadre d’une consultation de spécialiste. Elles peuvent également rembourser un certain nombre de séances chez un psychologue à hauteur d’un montant fixé dans le contrat.
La différence entre l’EMDR et l’hypnose réside dans les techniques utilisées et les états de conscience du patient pendant la séance.
L’hypnose utilise une technique de relaxation pour :
• Apaiser la personne ;
• La placer dans un état de conscience modifié afin qu’elle perde le contrôle de ses pensées ;
• L’aider à revivre les moments difficiles liés à son traumatisme.
La séance se déroule généralement en 3 temps. L’EMDR recourt à la stimulation bilatérale pour activer alternativement les deux côtés du cerveau du patient. Ce dernier conserve le contrôle de son esprit. Une séance peut compter jusqu’à 6 étapes distinctes.
Chaque méthode a ses avantages et inconvénients. Un professionnel de santé mentale saura déterminer quelle thérapie est la plus adaptée à la personnalité du malade, à son traumatisme et ses symptômes.
