Nous connaissons tous l’insomnie. Or, parfois notre cerveau nous joue des tours. Nous avons l’impression de ne pas avoir dormi de la nuit alors que ce n’est pas le cas. On parle alors d’insomnie paradoxale. De quoi s’agit-il exactement ? Quelles sont les causes et conséquences de l’insomnie paradoxale ? Quels en sont les symptômes ? Existe-t-il un traitement contre ce trouble du sommeil ? C’est le thème de cet article sur l’insomnie paradoxale. Afin de connaître l’essentiel sur cette mauvaise perception du sommeil.
Insomnie paradoxale: c’est quoi exactement?
Comme nous l’avons laissé entendre, l’insomnie paradoxale n’est pas réellement une insomnie. Mais elle fait bien partie des troubles du sommeil.
Aussi appelée insomnie subjective, mauvaise perception du sommeil, ou encore pseudo-insomnie. Ces différentes appellations désignent cependant toutes le même état. La personne se plaint de ne pas avoir dormi de la nuit, alors qu’en réalité elle a dormi.
Après examen, la personne ne présente aucun des symptômes liés à une insomnie « classique ». C’est-à-dire que d’un point de vue médical et psychologique, le patient ne présente aucune « anomalie ». Ce qui est en contradiction totale avec ce qu’il déclare. C’est d’ailleurs de ce paradoxe que ce trouble tire son nom.
Les recherches l’ont montré, le cerveau est un outil puissant. C’est pourquoi dans certains cas, la personne arrive à se persuader d’avoir réellement vécu une insomnie. Malgré son insomnie paradoxale, elle montre des symptômes d’une véritable insomnie. Par la force de la pensée, son cerveau « crée » de la somnolence ou des difficultés au cours de la journée. La personne peut avoir du mal à se concentrer, à se sentir très fatiguée.
Comme si elle avait vraiment vécu une nuit d’insomnie. Pour expliquer ce phénomène on parle d’effet nocebo. C’est-à-dire que la personne ressent les effets négatifs d’un trouble, sans avoir réellement vécu ce trouble.
Plus précisément, les insomniaques paradoxaux surestiment le temps qu’ils mettent à s’endormir. Et, à l’inverse, ils sous-estiment leur durée totale de sommeil. Dans ce trouble, le cerveau reste en alerte alors que le corps dort.
Ces insomniaques ont donc une conscience accrue de leur environnement, et ce durant toute la nuit. Un peu comme s’ils étaient réveillés alors qu’ils dorment. C’est pour cela qu’ils ont parfois l’impression de ne pas avoir dormi pendant plusieurs nuits. Alors qu’ils ne présentent qu’une faible fatigue en journée.
Il est vrai que les insomniaques ont tendance à surestimer la durée de l’endormissement. Mais aussi la durée des éveils au cours de la nuit. Il en résulte une sous-estimation de la durée totale du sommeil. Dans le cas d’une insomnie paradoxale, c’est différent. Les insomniaques semblent comme incapables de percevoir le fait qu’ils ont dormi.
Les causes de l’insomnie paradoxale
L’insomnie paradoxale peut toucher tout le monde, comme c’est le cas de l’insomnie psychophysiologique (l’insomnie « classique »). Mais comme tout type de troubles, certains profils de personnes y sont plus sujets.
C’est le cas notamment des personnes anxieuses. En effet, le stress et l’anxiété sont généralement les premières causes de l’insomnie paradoxale. Ces états provoquent une activité mentale accentuée. Le patient a généralement du mal à « calmer » cette activité mentale au moment du coucher. C’est pour cette raison que les insomniaques paradoxaux ont l’impression de passer leurs nuits à penser.
Cette forte activité cérébrale n’est pas sans rappeler celle qui a lieu lors du sommeil paradoxal. La phase du sommeil paradoxal est notamment celle durant laquelle nous rêvons. Le corps se relâche mais le cerveau reste actif.
L’anxiété peut également amener le patient à faire une « fixation » sur le sommeil. Comme il sait qu’il dort mal, il devient anxieux à l’approche du soir. C’est un cercle vicieux. Généralement le stress ou l’anxiété poussent le patient à surestimer le nombre de nuits moins bonnes.
Mais cette insomnie paradoxale peut avoir d’autres causes :
- Des antécédents de troubles mentaux, comme la dépression.
- La présence d’une maladie chronique.
- Les troubles en rapport avec la prise d’alcool et/ou de drogue.
- Le travail de nuit
- La consommation excessive de café le soir
- La ménopause
- Etc.
Cette liste est non exhaustive. Les causes de l’insomnie paradoxale sont nombreuses. Il est recommandé de consulter un médecin afin de trouver la cause de ce trouble.
Le traitement de l’insomnie paradoxale
#1. Prendre de nouvelles habitudes
Quelques changements dans les habitudes de vie du patient peuvent aider à lutter contre l’insomnie paradoxale. Adopter un mode de vie sain et équilibré, en limitant la prise d’alcool et autres excitants par exemple.
Avoir des horaires réguliers de coucher et de réveil aide également à lutter contre l’insomnie paradoxale. Voici quelques conseils pour améliorer la qualité de votre sommeil :
- Éviter les siestes.
- Pratiquer une activité physique régulière.
- Créer une routine avant le coucher (un moment calme propice à la détente : lecture, étirements…).
- Veiller à la température de la chambre (16° C est idéal). Si possible dormir dans le noir complet.
En mettant en place ces quelques astuces, votre sommeil devrait s’améliorer.
#2. La Thérapie Cognitivo-Comportementale
La thérapie Cognitivo-Comportementale, ou TCC, est particulièrement recommandée par les professionnels de santé. Le but de cette thérapie est de s’attaquer directement aux causes de l’insomnie paradoxale. Au cours de la séance avec le médecin, le patient est encouragé à s’exprimer librement sur son ressenti, son mal-être.
Ceci est essentiel car pour mettre en place le bon comportement, le médecin doit connaître les causes exactes du trouble.
#3. Les médicaments
Si les autres méthodes ne fonctionnent pas, le médecin peut prescrire des médicaments. Notamment pour lutter contre les symptômes de l’insomnie paradoxale. Il s’agit généralement de médicaments pour aider la personne à se détendre et à se relaxer. Ils luttent entre autres contre le stress et l’anxiété. Ce sont donc principalement des médicaments antistress, psychotrope ou anxiolytique.
Pour rappel, la prise de ce genre de produits, comme les somnifères, doit se faire exclusivement sur prescription d’un médecin. En effet, ils peuvent provoquer de l’accoutumance, et donc des risques d’addiction et de dépendance. Pour ces raisons, il s’agit d’un traitement de l’insomnie paradoxale qui se fait en dernier recours. Et qui doit se faire sur une courte durée.
#4. Les différences entre l’insomnie paradoxale et l’insomnie psychophysiologique
La différence majeure entre l’insomnie paradoxale/subjective et l’insomnie psychophysiologique est les symptômes. En effet, dans le cas d’une insomnie paradoxale, le patient se plaint de divers symptômes (somnolence, troubles de la concentration…). Cependant ces symptômes ne sont pas confirmés après un examen via des méthodes de diagnostic objectives.
À l’inverse, dans le cas d’une insomnie psychophysiologique, les symptômes sont clairement observables chez le sujet. Ce sont par exemple :
- Des difficultés à s’endormir, et à dormir aussi longtemps que voulu.
- Un manque d’énergie.
- De l’irritabilité.
- Une somnolence diurne.
- Des troubles de l’humeur.
- Un sommeil de mauvaise qualité.
Autre différence, l’insomniaque paradoxal a l’impression de n’avoir dormi que quelques minutes. Or, il ne s’agit que d’une mauvaise perception du sommeil. En réalité, il a dormi.
Alors qu’un insomniaque psychophysiologique n’a réellement pas dormi. Ou alors il s’est seulement assoupi quelques minutes.
FAQ – Insomnie paradoxale
Selon plusieurs sondages, l’insomnie affecte entre 15 et 20% de la population. On estime à 9% la part de personnes qui souffrent d’une forme sévère de ce trouble. Ce pourcentage passe à 5% lorsque l’on parle d’insomnie paradoxale.
Comment expliquer l’insomnie paradoxale ?
Pour les professionnels de santé, il est difficile d’expliquer cette différence de perception entre le dormeur et les résultats observés. L’explication la plus plausible est que les insomniaques paradoxaux présentent un niveau d’activation cérébrale plus élevé que la moyenne. Ce qui leur donne l’impression de ne pas dormir, alors que les résultats d’examens (comme la polysomnographie) montrent le contraire.
Une autre hypothèse envisagée est que les patients « fixent » toutes leurs plaintes sur le sommeil. Un peu de manière hypocondriaque.
Autre raison possible derrière l’insomnie subjective : la qualité intrinsèque du sommeil de ces personnes n’est pas bonne. Et ceci n’apparaît pas sur les résultats des enregistrements polysomnographiques effectués.