Hyperphagie nocturne : causes, traitements et FAQ

L’hyperphagie nocturne fait partie des troubles des conduites alimentaires. Ce trouble se traduit par des crises de boulimie alimentaire en pleine nuit. La personne peut être réveillée par la faim. Pour assouvir ce qui s’avère être souvent bien plus que des fringales nocturnes, elle ingurgite une énorme quantité de nourriture. Parfois, elle n’est pas forcément consciente de cette consommation excessive d’aliments pendant la nuit. Celle-ci a lieu dans des épisodes de sommeil, proches du somnambulisme. Après de telles crises, la personne éprouve une sensation de culpabilité et de honte. Quelles sont les causes de ce trouble ? Qu’en est-il des traitements envisageables ? Explications. 

L’hyperphagie nocturne : quel est ce trouble alimentaire qui gêne le sommeil?

L’hyperphagie nocturne

Définition de l’hyperphagie

L’hyperphagie, parfois qualifiée de boulimique, est un trouble de l’alimentation. Elle se caractérise par l’absorption incontrôlée et répétée, d’une grande quantité de nourriture dans un temps limité (généralement deux heures). Ces aliments sont avalés de façon compulsive, sans pour autant que la personne ait faim. Le phénomène dure jusqu’à ce que l’abdomen soit tellement distendu que cela est inconfortable. Ce qui différencie l’hyperphagie de la boulimie alimentaire, c’est l’absence de comportements compensatoires. Une personne boulimique se fera vomir ou prendra des purgatifs pour éliminer ce qu’elle a absorbé pendant sa crise. Il n’en sera rien pour la personne souffrant d’hyperphagie. 

Spécificités de l’hyperphagie nocturne

Lorsque les crises d’hyperphagie surviennent essentiellement la nuit, on parle d’hyperphagie nocturne. En anglais, ce problème s’appelle night-eating syndrom. Pour être diagnostiqué, le problème doit se répéter 1 à 2 fois par semaine pendant 3 à 6 mois. Les personnes qui souffrent de ce trouble de l’alimentation nocturne auront tendance :

  • à ne pas manger le matin ;
  • à restreindre leurs apports nutritionnels en journée : se sentant souvent fortement coupable d’avoir agi ainsi, elles compensent ce qu’elles ont vécu dans la nuit, en mangeant moins ;
  • à être insomniaques. 

Fréquemment, un cercle vicieux se met en place puisque mangeant moins en journée, ces personnes peuvent être réveillées par la faim en pleine nuit. Seule une prise alimentaire pourra alors calmer ce qui s’apparente à une insomnie. Malheureusement, l’ingestion d’aliments sera conséquente, incontrôlée. Parfois, la personne vit ses crises d’hyperphagie nocturne dans un état second de somnambulisme. Au réveil, elle ne se rappelle pas ce qu’elle a fait pendant la nuit. 

Ce trouble n’est pas anodin puisqu’il touche tout de même 1,5% de la population. Cette pathologie est responsable d’une grande souffrance psychique. Elle est aussi à l’origine des problèmes de santé liés au surpoids occasionné. Ce dernier peut aller jusqu’à l’obésité morbide. Il est important de bien diagnostiquer ce TCA. Il s’agit d’une pathologie mentale.  Malgré l’obésité apparente, mettre en place un régime est contre-indiqué.

Symptômes et causes de la boulimie nocturne

Symptômes et causes de la boulimie nocturne

Symptômes de l’hyperphagie

L’hyperphagie se caractérise par :

  • l’absorption rapide de grosses quantités de nourriture en un temps court par rapport à la moyenne (ce phénomène se nomme la tachyphagie) ;
  • l’incapacité de contrôler son comportement face à cette nourriture et au volume absorbé ;
  • la répétition de ces crises ;
  • l’absence de gestes compensatoires type vomissements ou purges, après la crise.
  • Des symptômes complémentaires permettent de confirmer le tableau de cette forme de boulimie alimentaire ;
  • La personne qui vit une crise d’hyperphagie n’a pas forcément faim ;
  • Elle ne ressent pas la satiété ;
  • Elle ingurgite les aliments jusqu’à se distendre l’abdomen, même si c’est fortement désagréable ;
  • Elle est dépitée et fataliste face aux crises ;
  • Elle peut parallèlement ressentir de la culpabilité d’avoir agi ainsi : elle a une image très dégradée d’elle-même, se dégoûte et a honte ;
  • Cette situation la déprime, voire la conduit à la dépression ;
  • Son état va souvent de pair avec un abandon d’elle-même : elle ne prend plus soin de sa personne, se laisse aller, accroît sa sédentarité. 

Causes de cette boulimie alimentaire nocturne

Pourquoi l’hyperphagie peut-elle avoir cette particularité de se dérouler la nuit ?
Ce trouble alimentaire nocturne s’observe notamment chez des individus qui veulent contrôler leur comportement alimentaire quotidien diurne. Les efforts qu’ils produisent pour perdre du poids ou ne pas grossir sont dénommés « restriction cognitive ». En journée, ils s’interdisent certains aliments pourtant désirés. La nuit, la fatigue l’emporte. Les désirs non assouvis reprennent le dessus. Sans qu’ils s’en rendent toujours compte d’ailleurs et sans pouvoir s’en empêcher. Ce problème se rencontre plus fréquemment chez :

  • certains insomniaques ;
  • des personnes qui observent un programme thérapeutique de perte de poids ;
  • des individus qui doivent perdre du poids pour accéder à la chirurgie bariatrique ;
  • des personnes âgées atteintes de diabète de type 2 ;
  • des patients pâtissant d’apnée du sommeil ou du syndrome des jambes sans repos ;
  • des individus souffrant d’un problème psychologique.

Dans ce dernier cas, l’impulsion irraisonnée de se remplir le ventre peut par exemple satisfaire une carence affective. L’hyperphagie nocturne peut être la phase visible d’une dépression, de troubles anxieux, d’un stress post-traumatique, etc. C’est un peu comme si l’on mangeait nos désordres émotionnels.

 À voir aussi: Quoi manger avant de dormir ?

Comment soigner l’hyperphagie nocturne?

soigner l’hyperphagie nocturne

Traitement n°1 : prise en charge médicale et nutritionnelle

Pour soigner l’hyperphagie nocturne, une prise en charge pluridisciplinaire par une équipe médicale est généralement efficace. Les soins prodigués sont à la fois psychiatriques et en lien avec la nutrition. Dans ce cadre, il se peut que le psychiatre prescrive des antidépresseurs. Ils atténueront dans un premier temps les symptômes liés à l’anxiété ou à la dépression et permettront d’entamer le travail sur soi. Ils pourront facilement être diminués puis supprimés au fur et à mesure des progrès constatés.

Une autre partie des soins est consacrée à la prise en charge somatique avec des examens, puis traitements spécifiques pour les dents, l’appareil digestif et le système cardiaque. Enfin, une aide est prodiguée pour travailler à rétablir le lien social, parfois fortement impacté par ce trouble alimentaire. 

Cet accompagnement pluridisciplinaire vise plusieurs objectifs intrinsèquement liés :

  • aider les patients à reprendre le contrôle de leurs impulsions alimentaires ;
  • leur réapprendre à se nourrir au quotidien avec une alimentation équilibrée et des repas diversifiés ;
  • contribuer à leur redonner une meilleure estime d’eux-mêmes et améliorer l’image de leur corps.

Pour que ce type de projet thérapeutique donne des résultats satisfaisants, il est primordial que les personnes ne nient pas leurs difficultés et aient la volonté de s’en sortir.

Traitement n°2 : La psychothérapie comportementale et cognitive

La thérapie cognitivo-comportementale ou TCC est aujourd’hui la plus efficace dans la prise en charge de l’hyperphagie nocturne, non pathologique. Cette thérapie combine plusieurs approches pour apprendre aux patients à reconnaître et modifier leurs schémas de pensée nocifs. Elle est particulièrement recommandée pour traiter des troubles de sommeil, de dépendances, d’alimentation, d’anxiétés. 

Selon les besoins, le professionnel de santé, un psychiatre ou un psychologue, formé aux TCC, proposera des séances individuelles ou en groupe. L’intégration dans un  groupe permet au patient de se sentir moins seul, de se confronter aux autres, de travailler son relationnel. Thérapie active, la TCC nécessite une adhésion volontaire du patient. Il devra réaliser régulièrement des exercices pour progresser et se sortir de ses troubles. Les TCC font appel à :

  • des techniques de relaxation, basées notamment sur la respiration, la visualisation et la pleine conscience, pour prévenir et gérer les crises ;
  • des techniques comportementales, qui exposent progressivement le patient aux situations qui engendrent les troubles : l’objectif est de le désensibiliser et qu’il puisse reprendre le contrôle ;
  • des techniques cognitives pour repérer et transformer ses fausses croyances ou croyances limitantes. 

Parmi les autres techniques mobilisées, la programmation neuro-linguistique (PNL) et l’hypnose permettent aussi de modifier les comportements irrationnels. La tenue d’un journal alimentaire peut être envisagée. Cet exercice offre un temps d’analyse des causes de ces troubles compulsifs alimentaires. En couchant ses pensées sur le papier, avant ou après la crise, la personne prend du recul sur son état émotionnel. 

Au cours de ce traitement thérapeutique d’une durée généralement inférieure à 6 mois, les patients apprennent à :

  • normaliser leur comportement alimentaire, en respectant leur rythme biologique ;
  • reprendre le contrôle sur leurs crises ;
  • gérer leurs émotions et impulsivité ;
  • développer une meilleure image et estime d’eux-mêmes, etc.

L’objectif sera également de maintenir ces acquis pour prévenir les rechutes. 

FAQ – Hyperphagie nocturne

Que faire après une crise d’hyperphagie ?


Vous venez de vivre une nouvelle crise d’hyperphagie. Vous n’avez pas réussi à vous contrôler. Vous êtes désemparé et vous sentez coupable et honteux. Voici 3 conseils pour vous sortir de cette situation négative.

1. Déculpabilisez-vous : plus facile à dire qu’à faire certes. Relativisez la situation : éradiquer un trouble alimentaire ne se fait pas en un claquement de doigt. Et culpabiliser après coup n’aidera pas. Vous ne pouvez pas revenir en arrière, la crise est passée, c’est ainsi. Alors, pardonnez-vous et restez bienveillant envers vous-même. Prenez plutôt ce temps pour analyser ce qui s’est passé. C’est en comprenant de mieux en mieux les origines de vos crises que vous pourrez les gérer.

2. Visualisez votre objectif : stopper vos crises d’hyperphagie. Rappelez-vous pourquoi vous le faites et les conditions de réussite. Chaque crise vous épuise et sans énergie, vous mettez en péril le succès de votre entreprise. Vos habitudes alimentaires sont aujourd’hui la cause de vos maux. Votre santé est en péril du fait de l’obésité engendrée par votre hyperphagie. Voilà pourquoi vous voulez mettre fin à ces compulsions.

3. Prenez votre courage à deux mains et demandez de l’aide à des professionnels de santé si ce n’est déjà fait. Passez outre votre honte. Se faire accompagner est un acte courageux et un premier pas qui marque votre volonté vous sortir de votre TCA. 

À quoi correspondent les troubles du comportement alimentaire (TCA) ?


Une personne dont les habitudes alimentaires sont « anormales » et responsables de maux psychiques, physiques et physiologiques, souffre d’un TCA, trouble de la conduite alimentaire. Les TCA sont des maladies mentales. Elles perturbent la perception que la personne a, de son poids, de son corps, de la nourriture. Différentes causes sont à leur origine.

Certaines personnes sont plus fragiles en raison de leur constitution génétique ou biologique. D’autres sont exposées à des situations qui peuvent précipiter le phénomène : régime alimentaire trop strict, modifications hormonales, stress post-traumatique, etc.

Par la suite, une fois le trouble installé, un cercle vicieux se met en place qui entretient le problème. En cause, les désordres biologiques causés par le comportement alimentaire et le réconfort psychologique que la personne trouve dans ses crises.

Les TCA sont classés en plusieurs catégories, définis dans la classification internationale du DSM-5.
L’anorexie mentale : une personne anorexique restreint volontairement son alimentation ou se fait vomir après avoir mangé. Elle a une perception altérée de son poids et de son corps. Alors que son poids est inférieur à la normale, la personne continue de se voir grosse. 

La boulimie : une personne boulimique va ingérer une quantité d’aliments très supérieure à la normale sur une durée limitée. Elle le fait de façon compulsive ou sous forme de rituel. La personne se sent généralement honteuse et coupable d’avoir perdu le contrôle. Pour éviter de prendre du poids, elle met en place un comportement compensatoire. Elle se fait vomir ou prend des laxatifs pour se purger. 
L’hyperphagie boulimique : l’individu présente également des crises de boulimie régulières et incontrôlées, mais ne les compense pas. Néanmoins, il va parfois se restreindre, renforçant de fait les pulsions alimentaires. Si ce trouble ne se manifeste que la nuit, on parle d’hyperphagie nocturne.
Certains troubles de l’absorption des aliments sont plus rares et atypiques comme le mérycisme, PICA, ou encore la potomanie.

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