L’épilepsie nocturne est un trouble du sommeil. Elle ne concerne pas forcément les 600 000 Français qui souffrent d’épilepsie. On compte en effet plus de 50 épilepsies différentes. Certains malades ne sont sujets qu’aux crises diurnes quand d’autres ne présentent qu’un syndrome épileptique nocturne. D’autres patients ont des crises autant en journée que la nuit. La moitié des malades sont des enfants. Les crises d’épilepsie nocturne se produisent habituellement en début de nuit, au moment de l’endormissement et/ou au réveil, voire pendant le sommeil lent. Dans cet article, nous faisons le point sur l’épilepsie du sommeil, son diagnostic et les traitements possibles.
Définition de l’épilepsie nocturne
1) Qu’est-ce que l’épilepsie ?
Maladie chronique neurologique, l’épilepsie se définit par des dérèglements imprévus et passagers de l’activité électrique du cerveau. On parle alors de crises épileptiques.
Dans notre cerveau, les cellules qui constituent nos muscles, nos glandes, notre cerveau communiquent constamment entre elles à l’aide d’influx nerveux. Chez la personne épileptique, les cellules cérébrales, c’est-à-dire les neurones situés dans la partie périphérique du cerveau ou cortex, produisent une activité électrique anormale et augmentée. L’hyperactivité des neurones déclenche la crise d’épilepsie ou crise comitiale, qui peut être :
- Focalisée ou partielle: Quand elle reste localisée dans une zone précise du cerveau et n’impacte qu’une partie du corps ;
- Généralisée: Quand le dysfonctionnement atteint tous les neurones et peut alors conduire à la perte de conscience.
Les crises d’épilepsie généralisées sont dites tonico-cloniques. Elles se déroulent en deux temps : au début, une perte de conscience brutale de la personne qui subit une contraction musculaire de tout son corps, pendant 10 à 30 secondes. Les manifestations peuvent être un cri, une chute, une respiration difficile. Puis, s’enchaînent des secousses musculaires avec possibilité d’accumulation de salive, de perte d’urine.
2) Qu’appelle-t-on l’épilepsie du sommeil ?
Lorsque les crises d’épilepsie surviennent au cours du sommeil, on parle alors d’épilepsie nocturne. 20% des personnes épileptiques ne souffrent que d’épilepsie liée au sommeil et ne font pas de crises en journée. Les crises comitiales se produisent essentiellement au cours :
- De l’endormissement ou du réveil, lors des transitions entre l’état de veille et de sommeil ;
- Du sommeil lent.
Il existe différents types d’épilepsie, mais ce sont les trois suivantes qui présentent principalement des crises de nuit :
- L’épilepsie du lobe frontal et temporal ;
- L’épilepsie dite rolandique, qui concerne les enfants et adolescents ;
- L’épilepsie myoclonique juvénile.
Les myoclonies sont des soubresauts musculaires involontaires, sporadiques ou inclus dans une série. Elles n’impliquent généralement pas de perte de connaissance et se produisent le plus souvent au réveil.
3) Quelle est la relation entre l’épilepsie et le sommeil ?
Les chercheurs ont pu mettre en évidence que les circuits neuronaux mobilisés lors des crises d’épilepsie sont partiellement les mêmes que ceux impliqués dans les différentes phases du sommeil.
Par ailleurs, il semblerait que le risque de crises comitiales soit plus élevé pendant le sommeil, car notre cerveau fonctionne alors différemment. Il favorise, lors de certains stades, la création de connexions neuronales.
Épilepsie nocturne : quel est le diagnostic ?
Si vous suspectez des crises d’épilepsie nocturne pour vous-même ou un de vos proches, il convient de vous rapprocher d’un médecin qui saura vous orienter pour établir le diagnostic.
1) Évaluation des antécédents médicaux et familiaux
Pour diagnostiquer l’épilepsie nocturne, le professionnel de santé commencera par évaluer les antécédents médicaux et familiaux du patient. Un questionnaire permettra de recueillir des informations sur de précédentes crises d’épilepsie, sur les médicaments en cours, les habitudes de sommeil et les facteurs de stress.////**6*
Le médecin est généralement absent lorsque la crise d’épilepsie survient puisque cela se passe la nuit. Pour recueillir un maximum de données, il peut interroger les témoins des symptômes, comme les parents lorsque cela touche un enfant ou le conjoint. Le dormeur en crise peut manifester de simples mouvements ou de véritables convulsions. L’événement peut être accompagné d’hypersalivation ou de bruits de gorge spécifiques. Plusieurs crises peuvent se répéter dans la nuit.
2) Analyse des résultats des tests d’imagerie
L’étape suivante consistera en la réalisation de tests tels que :
- Une polysomnographie, qui permet de mesurer les activités électriques du cerveau ;
- Des examens d’imagerie tels qu’une tomodensitométrie cérébrale (TDM) ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) pour évaluer la structure du cerveau et détecter des anomalies ;
- Un bilan sanguin.
Les résultats des tests d’imagerie peuvent aider à déterminer si les convulsions sont causées par des lésions cérébrales ou des tumeurs.
La polysomnographie peut être complétée par un enregistrement vidéo infrarouge et sonore. On parle alors de surveillance vidéo-électroencéphalographique (EEG). Les électrodes placées sur le cuir chevelu enregistrent l’activité électrique du cerveau. La surveillance vidéo détecte les mouvements du corps pendant le sommeil. Ce dispositif permet entre autres de différencier les convulsions d’un autre trouble du sommeil. Les données recueillies au cours d’un tel examen sont précieuses pour déterminer le type de crises et leur fréquence. L’EEG est une étape clé dans le diagnostic précis et le suivi de l’épilepsie nocturne.
Mouvement pendant le sommeil : un signe de crise épileptique ?
Si parmi les symptômes de l’épilepsie du sommeil figurent les mouvements pendant la nuit, toute manifestation motrice d’un dormeur ne signifie pas systématiquement épilepsie !
Plusieurs troubles du sommeil peuvent ressembler, dans leur expression, à des crises épileptiques. Pour les différencier, une polysomnographie avec vidéosurveillance est nécessaire. Parmi les troubles du sommeil non épileptiques, on trouve :
- Les parasomnies NREM (Non-Rapid Eye Movement sleep): Caractérisées par des comportements inappropriés pendant le sommeil profond, comme le somnambulisme ;
- Les parasomnies de la transition veille-sommeil: Qui impliquent des mouvements répétitifs de grands groupes musculaires ou des petits tremblements isolés des membres inférieurs ou supérieurs ;
- Un comportement troublé lors du sommeil paradoxal: Avec des mouvements excessifs et parfois violents (le dormeur agit comme dans son rêve) ;
- Les cauchemars et les terreurs nocturnes.
Les traitements pour guérir l’épilepsie de sommeil
1) Les prescriptions de médicaments
L’épilepsie se soigne majoritairement à l’aide de traitements médicamenteux. Il s’agit plutôt de contrôler la maladie que de la guérir. Cela fonctionne dans 60 à 70% des situations. La pharmacopée prescrite vise à inverser le dysfonctionnement de la transmission entre neurones pour freiner la répétition des crises.
Ces médicaments agissent en bloquant les canaux synaptiques, en empêchant certains acides aminés excitateurs d’agir ou en activant d’autres molécules à l’effet inhibiteur comme le GABA. Parmi les médicaments les plus couramment utilisés, on trouve :
- Le phénobarbital ;
- Le valproate de sodium ;
- L’oxcarbazépine ;
- La carbamazépine ;
- Le lacosamide ;
- La lamotrigine ;
- Le zonisamide ;
- Le topiramate.
Ces molécules ont plus ou moins d’effet selon le type d’épilepsie diagnostiquée. Le choix du traitement dépendra donc du résultat du bilan, ainsi que du sexe, de l’âge et des comorbidités du patient.
2) La chirurgie pour les épileptiques partiels pharmacorésistants
Si le malade est pharmacorésistant, le recours à la chirurgie peut être envisagé. Néanmoins, des conditions doivent être réunies. La région épileptogène (responsable des crises) du cerveau doit absolument être focale, unique et éloignée des zones fonctionnelles impliquées dans le langage, la motricité, etc.
Les examens complémentaires, approfondis, permettent alors d’évaluer le rapport bénéfice/risque de cette opération, qui ne concerne qu’une minorité de personnes atteintes d’épilepsie partielle pharmacorésistante. L’intervention chirurgicale consiste à enlever ou à détruire la zone épileptogène. Elle est alors curative.
3) L’approche palliative
Lorsque la chirurgie n’est pas envisageable, des approches palliatives sont proposées. Elles s’appuient notamment sur des méthodes de neurostimulation. Le but est de réduire la fréquence des crises, en agissant directement sur le réseau de neurones en cause. Il est aussi possible de jouer sur la variation d’excitabilité de cette zone, à distance. Parmi les techniques disponibles, certaines sont :
- Non invasives: Comme la stimulation magnétique transcrânienne, la stimulation transcutanée du nerf trijumeau ;
- Semi-invasives: Avec la stimulation du nerf vague ;
- Invasives: Avec l’envoi de stimuli au noyau antérieur du thalamus ou la stimulation corticale en boucle fermée.
Ce sont les besoins du malade qui guideront le choix de la technique la plus appropriée.
FAQ – Épilepsie nocturne
L’épilepsie chez les enfants présente plusieurs particularités cliniques, épidémiologiques, étiologiques et thérapeutiques. Le type de syndrome épileptique est souvent déterminé par l’âge auquel la maladie apparaît. Les formes sont plus ou moins sévères selon :
• La prédisposition génétique du patient ;
• Le niveau de maturation de son cerveau ;
• L’ampleur de l’agression cérébrale sous-jacente.
Les syndromes de West, de Dravet et de Lennox-Gastaut sont des formes rares, mais graves qui apparaissent dès les premiers mois de vie ou les premières années de l’enfant. Ces types d’épilepsie sont généralement liés à une sensibilité génétique latente et/ou une anomalie cérébrale.
A contrario, l’épilepsie-absence fait partie des formes les plus fréquentes de la maladie chez l’enfant. Elle se manifeste habituellement entre 5 et 7 ans, notamment chez les filles. Elle présente une évolution bénigne jusqu’à disparaître fréquemment chez l’adolescent ou le jeune adulte. Les symptômes sont des absences de quelques dizaines de secondes, accompagnées de quelques modifications motrices modérées. 2 à 5% des jeunes patients peuvent faire des crises ou convulser, spécialement en présence de fièvre. Chez certains enfants, ces symptômes signent les prémices d’une épilepsie future, particulièrement l’épilepsie mésio-temporale.
Lorsque vous êtes en présence d’une personne qui convulse, qu’il s’agisse d’une crise d’épilepsie ou pas, voici les conseils à appliquer :
1• Couchez la personne en position latérale de sécurité, sur son côté gauche et libérez l’espace autour d’elle ;
2• Otez les lunettes si nécessaire et posez sa tête sur un coussin ou des vêtements repliés pour la protéger des coups contre le sol ;
3• Déboutonnez son col, desserrez sa ceinture ;
4• N’empêchez pas les mouvements de la personne et ne la déplacez pas, si elle ne court pas de danger ;
5• Ne donnez pas à boire et n’obstruez pas la bouche ;
6• Contactez le 15.
Si vous savez la personne être épileptique, composez le 15 si la crise s’étend au-delà de 5 minutes, si elle se répète ou si le patient perd connaissance plus de 10 minutes.