Très courant chez les enfants, mais également fréquent chez les adultes, le cauchemar envahit parfois nos nuits, nous laissant stressés, affectés, et mal en point pour une journée productive. Très présent dans l’imaginaire dédié aux thématiques fantastique ou d’épouvante, le cauchemar interroge et angoisse, et il est parfois difficile d’en identifier les tenants et les aboutissants. Focus sur le cauchemar : qu’est-ce-qu’un cauchemar au juste ? En quoi le distingue-t-on du rêve ? Comment les éviter ? Quand et comment apparaissent-ils ?

Qu’est-ce-qu’un cauchemar ?

le cauchemar - causes et conséquences

Communément, un cauchemar est un mauvais rêve. Le rêve, comme le cauchemar, consistent en les manifestations de l’activité cérébrale durant la nuit. Il apparaît durant la phase de sommeil paradoxal, la dernière phase du cycle de sommeil.

Le cauchemar est un rêve angoissant, effrayant, ou parfois seulement compliqué, qui met le sujet dans une situation de mal-être, dans une posture désagréable, générant parfois de la crainte, en tant qu’il est courant que le cauchemar mette en scène le sujet en situation de danger de mort imminent.

Au programme : poursuite, agression, dispute, ou ridiculisation en public. Le cauchemar accélère le rythme cardiaque, fait souvent apparaître la nécessité de s’enfuir, ou de crier, pendant que le sujet est endormi. 

Toutefois étant endormi en phase de sommeil paradoxal, notre corps ne nous donne que rarement le moyen de crier véritablement, sinon au réveil, constituant ainsi une source de terreur supplémentaire : on veut crier, mais on reste bouche bée; on veut s’enfuir, mais on reste immobile.

Étant privés de nos sens, nous n’appréhendons que notre activité cérébrale, reflétant plus ou moins nos pensées actuelles et nos problématiques en cours.

Le rêve et le cauchemar ne résultent pas uniquement de la privation temporaire de nos sens, ou de leur diminution, mais ils constituent également le moyen de digérer un évènement, un phénomène, ou un sentiment, le moyen d’appréhender notre quotidien et de lui chercher un sens.

Le cauchemar a une dimension cathartique qui permet au sujet d’intégrer une problématique et de dépasser le stade de crainte pour agir à sa résolution pendant la période de veille. Le cauchemar produit immanquablement un réveil prématuré du sujet.

« L’émotion est tellement forte quelle réveille la personne et ne peut pas être digérée. Et tant quelle nest pas digérée, le cauchemar revient. » explique le Dr Arnulf, chef de service du département des pathologies du sommeil à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). Aussi, qu’il s’agisse d’une dispute au travail, du décès d’un proche, ou d’une rupture, il est probable que le sujet fasse des rêves ou des cauchemars à ce sujet de manière relativement récurrente. Les évènements traumatiques se synthétisent auprès de l’esprit via les rêves, et, également via les cauchemars.

Les cauchemars surgissent à la suite d’un épisode stressant pour le sujet, mais peuvent également être la conséquence d’un état maladif de l’individu : de la fièvre, une douleur quelque part, et le cerveau synthétise les informations, amenant le sujet à transposer son mal-être physique dans ses rêveries. Enfin, ils peuvent également résulter de la prise de certains médicaments.

Y-a-t-il une différence entre le cauchemar et le rêve ?

S’il n‘y a pas de distinction bien établie entre le rêve et le cauchemar, on peut considérer que le rêve devient cauchemar lorsque le sujet est porté à l’angoisse, qu’il se sent oppressé et empêché, et que son réveil est prématuré et désagréable.

Si un rêve fait pleurer le sujet au réveil, on peut établir sans conteste qu’il a fait un cauchemar. De même s’il déclenche des palpitations, des suées indésirables, ou d’autres maux ou phénomènes physiques qui mettent le sujet à mal, alors il s’agit d’un cauchemar.

Certains spécialistes considèrent qu’on peut différencier un mauvais rêve d’un cauchemar en ce que le cauchemar réveille invariablement le sujet dormeur, mais cette notion est subjective, et tous ne s’entendent pas sur ce point. Une étude québécoise menée sur 572 sujets a notamment établi que les mauvais rêves suscitent les sentiments de frustration, de dégoût, de rancoeur, quand les cauchemars suscitent plus souvent la peur, la crainte, ou l’angoisse.

Les rêves et les cauchemars font appel à des évènements vécus durant l'éveil du sujet, néanmoins, cela est d’autant plus fréquent dans les cauchemars que dans les rêves.

Les cauchemars permettent au sujet d’appréhender ses angoisses et ses craintes, et les lui font revivre, parfois par le biais d’une autre manifestation mentale; aussi, si l’on se sent harcelé au travail, il est possible de rêver que l’on se fait poursuivre dans une rue, ou que quelqu’un cherche à nous assassiner. 

Les cauchemars mêlent également fréquemment des souvenirs anciens et enfouis au sujet d’actualité; ainsi, un traumatisme vieux de dix ans peut ressurgir à l’occasion d’un cauchemar traitant d’une situation vécue le jour-même.

Comment éviter les cauchemars ?

Malheureusement, il n’existe pas d’astuce pour éviter les cauchemars. Si le cauchemar est l’effet de la prise de médicaments, alors, le plus simple est d’en parler au spécialiste concerné et d’essayer d’en changer. Si le cauchemar est dû à une maladie de passage, comme une grippe, alors il s’arrêtera lorsque le sujet ira mieux.

En revanche, si le cauchemar tend à synthétiser les angoisses ou les évènements traumatisants de la vie du sujet, alors il devra résoudre la cause des cauchemars, c’est-à-dire, en parler à un spécialiste, ou suivre une thérapie pour mieux comprendre et accepter la source de ses craintes. 

Une thérapie notamment efficace consiste à effectuer des séances de visualisation mentale des dits cauchemars, et de les modifier petit-à-petit pour parvenir à les surpasser une fois en situation de sommeil « “Par des techniques de visualisation, la personne apprend à modifier le scénario d'un ou de plusieurs de ses cauchemars et à répéter le nouveau scénario à l'aide d'une technique d'imagerie mentale. Cela peut être par un geste salvateur l'avatar décide d'affronter l'agresseur ou par le recours à des moyens surnaturels Superman arrive à la rescousse... Pourquoi pas ? On est en plein milieu d'un rêve!” » (source : Université de Montréal)

« La personne reprend le scénario habituel du cauchemar, et en change le cours au moment où il dégénère. Elle imagine une fin plus positive quelle doit visualiser et répéter deux fois par jour pendant dix minutes pendant une semaine ajoute le Dr Arnulf.

Enfin, si l’on est sujet aux cauchemars, il convient d’éviter les films d’horreur, la prise de médicaments, d’alcool, ou de drogues avant le coucher. Le Stramonium, médicament homéopathique, est souvent prescrit aux enfants sujets aux cauchemars, et s’avère efficace. Les adultes peuvent également en prendre. Avant de prendre tout traitement, il convient de consulter votre médecin.

Cauchemars et terreurs nocturnes

Si l’on peut être tenté d’identifier les terreurs nocturnes aux cauchemars, il convient néanmoins de préciser que ces deux phénomènes se distinguent en plusieurs points.

D’abord, ils ne surviennent pas aux mêmes périodes du cycle de sommeil. La terreur nocturne survient durant le sommeil lent profond, et le cauchemar pendant le sommeil paradoxal.

Un cycle de sommeil dure environ 90 minutes, avec 5 stades : 2 stades de sommeil lent léger, juste après l’endormissement du sujet, puis 2 stades de sommeil lent profond, et 1 stade de sommeil paradoxal. À la fin d’un cycle, celui-ci recommence.

Ensuite, le sujet se souvient invariablement d’un cauchemar, qui ruine bien souvent sa journée et se rappelle facilement à lui, tandis que la personne victime de terreurs nocturnes ne s’en rappelle pas au réveil.